Économie océanique : Quand l’or bleu menace l’or vert

Depuis quelques années, les autorités ne cessent de multiplier les initiatives en vue de puiser du potentiel de richesses que recèlent les fonds marins de Maurice. De nos jours, l’idée de l’économie bleue est bien ancrée et se veut salvatrice. Si ce n’est ses risques pour l’écologie et la biodiversité qui demeurent encore méconnues

Avec plus de 73 millions de km2, l’océan Indien est le troisième plus grand au monde et est extrêmement riche en potentiels inexploités. La biodiversité marine de l’océan Indien peut être valorisée pour créer et développer des produits et services, essentiellement issus de la biotechnologie marine, permettant de toucher de nouveaux marchés. L’océan Indien, c’est un écosystème marin tropical exceptionnel préservé au sein des aires marines protégées, principalement avec ses récifs coralliens. L’étude de ces organismes marins représente l’un des enjeux des années à venir, pour envisager leur valorisation avec les précautions dues à leur grande fragilité. Les biomolécules extractibles sont grandement valorisables, dans les domaines de l’alimentaire (aquaculture), de la santé (substances bioactives), de l’énergie (microalgues pour biocarburant), de l’environnement, comme dans la mise en œuvre de procédés industriels.

Répercussions environnementales
Actuellement, deux êtres humains sur trois habitent à moins de 80 kilomètres de la mer. Plus le nombre d’habitants sur les côtes augmente, plus la quantité de déchets et d’eaux usées à traiter est importante et plus le milieu naturel est fragilisé. En plus des déchets rejetés dans la mer, il faut aussi de quoi nourrir la race humaine. Ainsi, la surpêche demeure l’un des plus grands problèmes auxquels l’océan indien a à faire face actuellement. Cet espace maritime a toujours été le théâtre de l’exploitation et du commerce maritime avec des navires venus du monde entier. Depuis de nombreuses années, Greenpeace a noté que l’océan Indien est victime d’une pêche trop intensive. À ce jour, la zone o céan Indien fournit au monde près de 50 % des prises de thon annuels. Ainsi, des navires de pêche venant principalement de la France, de la Chine, du Japon, de la Corée ou encore de l’Espagne, se livrent à une véritable guerre pour attraper le plus de poissons. Cette surexploitation a des conséquences irréversibles sur les réserves de poissons qui n’ont pas le temps de se reconstituer. Ces bateaux de pêche se tournent vers l’océan Indien car il ne reste plus de poisson dans leurs propres eaux. De plus, des techniques de pêche illégales sont couramment utilisées par certains pêcheurs sans scrupules qui parviennet souvent à passer inaperçus aux yeux des autorités qui patrouillent et survolent régulièrement les zones de pêche. Les scientifiques estiment que 90 % des espèces destinées à l’agroalimentaire ont été épuisées depuis les années 50, et ne sont plus rentables pour les pêcheurs. La surpêche a aussi affecté la biodiversité, constamment menacée par les activités humaines et leurs conséquences. Parmi les espèces menacées les plus connues figurent le requin, le thon rouge et la baleine.

Les récifs coralliens en danger
Les récifs coralliens, qui ceinturent les îles et les côtes continentales et abritent pus d’un quart des espèces de poissons marins connus, présentent de plus en plus de signes de dégradation avancée. Les études révèlent que 20 % de ces récifs dans le monde ont déjà été détruits, 25 % sont menacés de disparition imminente et 70 % pourraient disparaître d’ici 2050 si rien n’est fait. Les coraux les plus menacés se trouvent près des rivages de la mer Rouge, de l’océan Indien, et dans la région de l’Océanie. Les principaux facteurs responsables de la destruction des récifs coralliens sont la pollution, la sédimentation, l’efflorescence algale, la surpêche, l’augmentation de la température de l’eau et l’acidification des océans liée au dioxyde de carbone. L’activité humaine ne cessant de croître, tous ces facteurs aggravants ne font qu’empirer d’année en année. Il est temps que l’hécatombe cesse et, économie bleue ou pas, il s’agit de préserver la biodiversité marine à tout prix car cet or vert se veut infiniment plus précieux pour le devenir de la planète, peu importe les montants pharaoniques que pourrait représenter l’océan. Et puis, sur une note plus philosophique, pour reprendre le chanteur et navigateur français Antoine, « lorsque la terre entière ne sera plus que gravats (…) c’est du fond des mers que la vie renaîtra ».

Capital Media

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