Retraités : Les pauvres de demain

Si la hausse de la pension de vieillesse a été saluée de tout part, le soutenir économiquement, relève d’un autre cas de figure. Avec les effets d’une population vieillissante, financer le régime de retraite aura de lourdes conséquences pour l’économie mauricienne. Pas faux de dire que les futurs retraités que vous êtes risquent d’être les nouveaux pauvres de demain

L’apport des Humains dans le développement économique d’un pays est indéniable. Nul économie ne peut fonctionner sans son apport, qui demeure ressource indispensable pour le progrès. Si tout au long de leurs années d’activités, ils ont été rémunérés à des salaires de misère, une fois retraités, ils font face à des situations de plus en plus difficiles et beaucoup ont du mal à boucler leurs fins de mois. Faut-il le souligner (?), atteindre l’âge de la retraite ne signifie pas d’arrêter de vivre décemment, plus qu’est. Loin de là, les dépenses augmentent, afin de maintenir leur niveau de vie, financer leurs dépenses de santé et de dépendance. Il incombe donc à l’état de pourvoir un système qui assure une pension décente et digne aux travailleurs à l’issue de leur carrière. Surtout pour garantir une solidarité entre les générations.

Apaiser les tensions d’aujourd’hui pour reporter les problématiques de demain, cette philosophie a tout le temps motivé les régimes successifs depuis l’indépendance. La promesse électorale d’une hausse de la pension universelle a été un des arguments déterminants de la victoire de l’alliance Lepep. Si nos ainés méritaient amplement une revalorisation de leurs pensions pour vivre décemment, encore faut-il pouvoir soutenir le financement de cette mesure.

Le système de retraite mauricien est en chute libre, s’il n’est pas sujet à des reformes, selon le Fonds Monétaire International (FMI). Si nos gouvernants ne veulent pas voir plus loin que le bout de leurs nez, en tout cas, l’impact du vieillissement de la population sur les régimes de financement des retraites commence à pointer le sien. Bien que, le budget pour la Social Security and Welfare a été de MUR 27 milliards en 2014, seule la pension de retraites, a englouti MUR 9,9 milliards, soit un tiers du budget total. Selon les chiffres de Statistics Mauritius, ils étaient 184, 487 bénéficiaires en décembre 2014. Soit une hausse de 14 % en comparaison à la fin de 2013. Cette tendance persistera selon les prévisions de Statistics Mauritius et du FMI. à l’aube de 2049, le pays comptera 338 000 retraités, soit 200 000 de plus que les jeunes âgés de moins de 15 ans. En termes de paiements, l’état devra trouver près de MUR 18 milliards pour le financer. Un véritable gouffre financier auquel sera confronté le gouvernement qui sera en place.

Salaire de misère

 

Dans les couloirs du pouvoir, l’on s’accorde à dire que l’extension de l’âge de la retraite de 60 à 65 ans, comme préconisé dans le rapport du Pay Research Bureau en 2008, est destiné, en partie, à atténuer les effets de la population vieillissante. Mais cette mesure ne tient pas en compte le taux de chômage qui grimpe d’année en année, plus prononcé chez les gradués chômeurs, le pays recensant plus de 7500 en 2014. A ce rythme, nos futurs retraités n’auront d’autre choix que de poursuivre une activité professionnelle au-delà de l’âge de la retraite afin de vivre décemment. Un véritable drame humain qui ne fait que s’accentuer.

La cotisation d’une grande majorité des travailleurs est limitée à ce que préconise la loi. Mais que voulez-vous, ils perçoivent déjà un salaire de misère durant leurs années d’activités! Puis, il y a les générations affectées, hors de leur volonté, par le chômage et d’instabilité d’emploi, qui est susceptible d’engendrer des pensions plus faibles à l’avenir. D’autant que le monde du travail devient de plus en plus volatile, avec l’aisance accordée au patronat, par les politiques. La précarité dans le monde du travail a engendré des contrats sur durée déterminés. Révolu le temps où un travailleur consacrait toute sa vie dans un seul lieu de travail. Se mettre à l’abri relève donc d’une disposition par soi-même où le travailleur devra se trouver les moyens pour assurer sa retraite.

L’outil le plus privilégié dans ces cas demeure la Portable Pension. Ce plan permet de créer un fonds pendant la vie active d’un travailleur et cette épargne sera ensuite, sujet au choix et en fonction des options choisies, payée à vie sous forme de retraite mensuelle quand arrivera le moment où le bénéficiaire prendra sa retraite. Un point que partage Louis Rivalland, Group Chief Executive de SWAN, un des leaders en assurance à Maurice. « Il est important de continuer à sensibiliser la population sur les défis majeurs de demain, notamment le vieillissement de cette population, car la pression financière des retraites se fera très bientôt sentir. Ainsi, la longévité et le coût de la vie sont des éléments importants à considérer dans la planification de la retraite » devait-il déclarer.

La croissance pour soutenir les retraites

 

Le financement des retraites repose sur un aspect fondamental, soit un nombre d’actifs important qui doit demeurer constant afin de pouvoir payer les retraites. En termes économiques, cela concerne la Pension Support Ration. Actuellement estimé à 4,8 pour 1 par Statistics Mauritius, ce chiffre avoisinera 1,8 pour 1 en 2049. En d’autres mots, plus ce ratio est conséquent, plus la capacité de payer s’agrandit. C’est le contraire qui est source de problèmes, un aspect confirmé par la FMI dans son Working Paper intitulé ‘Pension Reforms in Mauritius: Fair and Fast-Balancing Social Protection and Fiscal Sustainability’ publié en juin 2015. Un autre facteur est aussi pris en considération : la croissance annuelle du pays. Pour Nunkoomar Deerpalsing, ancien commissaire à la sécurité sociale, aussi longtemps que le pays connait une croissance de plus de 2 % et qu’on compense pour l’inflation, que l’état et les employeurs augmentent de façon raisonnée et raisonnable leurs contributions, la pension universelle sera « sustainable et affordable ». Pension Support Ration en baisse ? Nunkoomar Deerpalsing n’en a cure. « Car ceux passés la soixantaine continuent toujours à rester actif et travailler. Tant qu’ils peuvent contribuer à la richesse du pays tout en obtenant des revenus, il n’y a aucun problème » explique l’ancien commissaire à la Sécurité sociale.

Même les pays avancés en souffrent

 

« La plupart des gouvernements ont fait des efforts importants pour mettre les systèmes de retraite sur une trajectoire durable. Même si leurs mesures vont dans la bonne direction, il existe un risque croissant qu’ils soient insuffisants dans certains pays » déclarait Angel Gurría lors de la présentation, mardi 1er décembre 2015, du Panorama des pensions 2015 publié par l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique). Pour son secrétaire général, « à long terme, le défi consiste à élaborer aujourd’hui des politiques publiques suffisamment flexibles pour pouvoir s’adapter demain à un monde du travail incertain, tout en assurant des conditions de vie adéquates pour les retraités ». Selon ce rapport, près de la moitié des pays de l’OCDE ont pris, au cours des dernières années, des mesures pour diminuer durablement le coût de leur système de retraite. Un tiers d’entre eux seulement ont «engagé des efforts afin de renforcer les filets de sécurité et de venir en aide à certaines catégories vulnérables de retraités ».

Le débat à l’île sœur

Le débat de la pension de retraite se fait également chez nos voisins. à la Réunion, Daniel Faivre, de l’Association Solidarité Inter-Génération a expédié une lettre à Manuel Valls, Premier ministre de France

La colère des retraités qui n’apprécie pas le 0,1 % d’augmentations,

La dernière augmentation des retraites est intervenue le 1er octobre 2015,

71 centimes pour moi, soit 2 centimes par jour d’augmentations c’est votre mépris,

Des plus pauvres retraités que vous punissez d’avoir trop travaillé plus de 50 ans,

Pour n’avoir qu’une retraite de misère bien en dessous du revenu minimum vieillesse,

Je parle de mépris : le mépris c’est savoir et ne rien faire restez indifférent devant cette misère,

Mais votre gouvernement ne se gêne pas pour gaspiller des centaines de millions d’euros,

Qui peut vivre avec moins de 700€,

Pour les banques, le gouvernement a de l’argent,

Pour les pays étrangers, le gouvernement a de l’argent,

Pour les étrangers qui demandent asile et aide à la France, le gouvernement a de l’argent,

Pour guerroyer, le gouvernement a de l’argent,

Pour le train de vie et faire la fête le gouvernement a de l’argent,

Pour leur salaire, les gouvernants ont de l’argent,

Pour les handicapés, les malades, les retraités le gouvernement n’a pas d’argent,

Créer plus de misère vous savez faire, mais faire ce qui est bien on ne vous a pas appris ça dans vos grandes écoles.

Capital Media

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