Bayer-Monsanto : Le nouvel habillage du mal

La nouvelle alliance transatlantique Bayer-Monsanto constitue une énorme boule chimique qui risque fort de raser toutes les fermes agricoles du monde.

L’annonce a fait l’effet d’une bombe. Le géant allemand a racheté l’entreprise controversée américaine Monsanto pour 59 milliards d’euros. Cette acquisition est la plus chère jamais réalisée par un groupe allemand. « Bayer et Monsanto ont signé mercredi un accord de fusion ferme», au prix de 114 euros par action, a annoncé Bayer dans un communiqué. Un rapprochement qui sera boucle d’ici la fin de 2017. A eux deux, ils représentent un chiffre d’affaires de plus de 23 milliards d’euros. « La transaction met ensemble deux activités différentes, mais fortement complémentaires » dans les semences, les engrais et les pesticides, a justifié Bayer.

L’annonce de cette fusion a toutefois soulevé de nombreuses critiques en Allemagne, un pays qui pratique une opposition ferme aux OGM. Mais déjà, le tout nouveau patron de Bayer, Werner Baumann, avait assuré « pouvoir gérer la réputation de Monsanto », espérant la contrebalancer par l’image de son propre groupe. En effet, la réputation de Monsanto n’est plus à refaire, cette société se cachant derrière l’argument d’augmenter la production de nourriture pour venir à bout de la famine tout en utilisant des produits issus de la biotechnologie, ou osons le dire sans pudeur, des Organismes génétiquement modifiés (OGM) pour contre-attaquer leurs opposants. Car ils sont de plus en plus nombreux à se rendre compte des risques que cela implique de les avoir dans leur assiette et dans leur environnement. En effet, aucune étude scientifique n’a pu, à ce jour, conclure ni à l’absence de risques pour la biodiversité liés à leur dissémination accidentelle, ni à leur non-toxicité, ni même se prononcer sur leurs prétendus bienfaits.

La résistance contre Monsanto est présente dans plus d’une soixantaine de pays et 427 villes. Même à Maurice, il existe des organisations, à l’instar de Lekovilaz, qui manifestent annuellement contre Monsanto. L’année dernière, la marche contre ‘Monsanto’ évènement international annuel, s’est déroulée pour la première fois à Maurice. Anne-Gaëlle Ramkissoon, Assistant Secretary de Lekovilaz, association ayant organisé cette marche, explique qu’à la suite de la marche citoyenne internationale contre Monsanto « Lekovilaz qui se bat contre l’utilisation de pesticides ou d’engrais chimiques dans les plantations ne pouvait pas ne pas soutenir cette marche. » Et d’ajouter que l’objectif, c’est que « la communauté mauricienne prenne conscience que les OGM sont beaucoup plus présents autour de nous qu’on ne le croit ».

Après la marche, Stéphane Walger, président de Lekovilaz, en a déduit que les Mauriciens ne savent pas qui est Monsanto et ne savent pas ce qu’ils mangent. Dans un communiqué de presse il a lancé un appel : « Nous demandons à l’Etat d’informer les consommateurs que les OGM ne sont pas consommés qu’en tant qu’aliments à Maurice (le maïs, le colza ou le soja par exemple), mais aussi en tant qu’ingrédients ou additifs (les fameux E 420, E 953, etc.) ». Plus de 2000 tonnes de pesticides sont vendus à Maurice chaque année, 55 000 tonnes d’engrais chimiques sont utilisés dans l’agriculture intensive. Lekovilaz demande un contrôle drastique sur les importations de pesticides et sur les cultures douteuses en encourageant l’autoproduction de fruits et légumes sans pesticides mais aussi la formation des planteurs sur les méthodes propres d’agriculture comme l’agro-écologie. « Nous voulons une agriculture saine pour le peuple en favorisant les projets communautaires de permaculture et de forêts comestibles » disent-ils. Une des résolutions extraites du communiqué de presse c’est aussi la demande de labellisation des produits qui sont OGM ou pas. « En tant que consommateur nous avons tous le droit de savoir ce qu’on consomme (la chaîne d’approvisionnement) et ce qu’on donne à nos enfants » explique Anne-Gaëlle Ramkissoon

Mobilisation aux quatre coins du monde

Selon les militants, des études ont montré que les aliments génétiquement modifiés de Monsanto peuvent conduire à des problèmes de santé très graves tels que le développement de tumeurs cancéreuses, l’infertilité et la malformation congénitale. Aux États-Unis, la Food and Drug Administration, agence chargée de veiller à la sécurité alimentaire pour la population est dirigée par d’anciens directeurs de Monsanto et les membres du mouvement estiment que c’est un conflit d’intérêt qui mérite d’être questionné et expliquent qu’il y a un manque de recherche de la part du gouvernement sur les effets des produits OGM à long terme.

Les agriculteurs biologiques et les petites subissent des pertes tandis que Monsanto continue de forger son monopole sur l’approvisionnement alimentaire du monde, y compris les droits de brevet exclusifs sur les semences et la génétique.

Les semences OGM de Monsanto sont nocives pour l’environnement; par exemple, les scientifiques ont indiqué qu’ils ont causé l’effondrement des colonies parmi la population d’abeilles dans le monde. La solution est donc de conscientiser les gens à acheter des produits organiques et de boycotter les entreprises appartenant à Monsanto ainsi qu’un appel aux autorités concernées d’étiqueter tous les produits OGM.

Mal Omniprésent

Les produits de Monsanto ne se retrouvent pas dans notre organisme que par les bovins. Cidessous, quelques entreprises qui sont associées au numéro deux mondial des semences agricoles : Bisquick, Cadbury, Camphells, Capri Sun, Coca- Cola, Duncan Hines, Heinz, Kelloggs, Kraft/Phillip Moris, Lipton, Minute Maid, Pepsi, Pringles.

Capital Media

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