Me Dev Ramano : Tourne qui vire, vire qui tourne, le peuple toujours arnaqué

Deux ans de règne de l’Alliance Lepep : le couteau a encore été retourné plus vivement dans la plaie ouverte des masses populaires. La trompette du « miracle économique a soufflé plus gravement l’angoisse sociale, la peur, les frustrations et la désillusion, entre autres…

A quel point a été conne et naïve cette majorité populaire qui s’est laissée bercer par l’illusion de « viré mam » ! Que ce soit sur le plan économique, social, écologique, politique ou culturel, elle a été entrainée dans une spirale cauchemardesque. Mais le comble de l’aberration reste le fait que ce peuple perdure dans sa connerie et sa naïveté légendaire d’être toujours prêt à tenter une nouvelle expérience, avec les nouveaux « sadoos » politiques rejetés la veille (ici un rouge/mauve collés ou décollés), qui veulent l’enchanter avec des incantations creuses de « plorés mam » ou « déviré mam ».

Combien de temps cette farandole cynique au marché des cons va-t-elle se perpétuer d’élection en élection ? Une aliénation comme portée par la guigne où périodiquement chaque cinq ans, on a le ras le bol de ceux/celles en poste qui urinent dans notre assiette pour « redonner » une nouvelle chance à d’autres (au passé aussi compromettant) pour y chier.

Les recettes de l’échec et archi-cuites

Le tandem Jugnauth père/Jugnauth fils/Lutchmeenaraidoo a  démarré en trombe en fredonnant des propos ronflants tels que « attirer l’investissement », « nation d’entrepreneurs », « le travail et la discipline », « le nouveau miracle », « le génie mauricien » entre autres qui donnaient l’allure d’un « réalisme sérieux ». Deux ans de cela, j’avais souligné qu’il était impérieux de soulever les mots pour découvrir la substance en dessous. Aujourd’hui on découvre que les locataires des coulisses du pouvoir depuis décembre 2014 comptaient bel et bien composer avec le système en place et la même politique socio-économique de fond : le libéralisme à outrance. Les mêmes recettes produisant les mêmes effets, surtout dans le contexte présent, cette même politique s’est avérée doublement vouer à l’échec et les couches populaires vulnérables ont encore, de plus belle, glissé, sans ceinture de sécurité sur une pente encore plus ahurissante.

Crise de fond, drames sociaux à venir

Nous ne nageons pas dans le catastrophisme ni ne sommes des prophètes de malheur. Mais le constat criant est comme suit : une crise globale, profonde et multiforme enveloppe la planète. Elle est à caractère économique, écologique, social, politique et humain. La célèbre phrase de Paul Krugman qui faisait allusion à la politique de privatisation et des pseudo-nationalisations des secteurs économiques en perte de vitesse illustre les solutions bancales à courte vue des tenants du système : « Soyons clairs, c’est le socialisme citron – socialiser les pertes, privatiser les profits ». Et le ministre de l’énergie persiste et signe dans cette direction. En fait, les gourous et adeptes du système bégaient politiquement et se sont montrés incapables de répondre aux violences socioéconomiques que sont le chômage, la précarisation, les licenciements, parmi tant d’autres.

« Combien de temps cette farandole cynique au marché des cons va-t-elle se perpétuer d’élection en élection ? »

N’importe quel colmatage des brèches du système ou solutions provenant des galeries néolibérales ou des classes dominantes se présenteront comme un prix fort à payer pour les couches sociales vulnérables. Il suffit de constater comment se manifeste cette crise à têtes multiples pour les classes défavorisées.

Note salée pour la majorité de la population et démocratie en otage

Presque tous les gouvernements qui se sont succédé ces trente dernières années, reposaient sur des majorités précaires. Bien que faibles, pendant la période précédant la crise qui prévaut actuellement, ils ont fait payer les classes vulnérables à travers leur politique néolibérale. Aujourd’hui, en période de crise, la note est et serait encore plus amplement salée pour eux, les dernières en date étant les licenciements incontrôlés et la compensation salariale dérisoire.

Dans cette entreprise, ce pouvoir a toutes les possibilités et potentialités, malgré les mesures mielleuses de la période de grâce, à continuer l’aventure de la déconstruction de l’État social et d’ouvrir la voie à un État à caractère carrément plus répressif. D’une part marqué par l’affaire AirMauritius/Megh Pillay, la tentation excessive d’empiètement sur le pouvoir du judiciaire et le torpillage de la séparation des pouvoirs avec le Good Governance and Integrity Act, l’Integrity Services Agency, l’Assets Recovery Act, la Prosecution Commission, l’amendement de la Prevention of Terrorism Act, et d’autre part flanqué par un tourbillon de pratiques corruptrices, de népotisme, de trafic d’influence et d’emprise dynastique de la part de certains castes  et acolytes politiques collés au pouvoir en place, sont, entre autres, l’illustration de la tendance fascisante et gargantuesque de la caste au pouvoir. Ainsi les masses populaires ont affaire à une crise qui n’est pas les siennes et une ‘’démocratie qui ne les représente pas !

Les masses populaires doivent se réinventer dans leur combat.

Dans ce contexte, les classes défavorisées n’ont pas, au plan organisationnel, et stratégiquement parlant, de pôles en hauteur pour battre en retraite lorsque s’abattra la tornade et dans les années à venir, le tsunami. Pourtant, les classes défavorisées n’ont pas le choix. Pour leur survie, elles sont condamnées à innover pour changer le rapport de forces qui au cours des dernières décennies, les ont poussées à se retrancher dans des terrains marécageux.

La grande question ! Que feraient ceux qui ont une maitrise du constat qui précède – je fais référence ici aux camarades de la vrai gauche Lalit, Rezistans ek Alternativ, Le Muvman Premye Mai et les autres organisations politiques émergeantes, les syndicats, les écologistes et les individus progressistes ? Se permettront-ils encore, au nom des égos de certains, le luxe de continuer à patauger dans la mare de la division et de procéder en ordre dispersé dans les combats à venir ? Réinventons nous pardieu ! Est-ce tant une entreprise impossible que de générer cette force unitaire quand la réalité objective nous indique l’exigence, l’importance et la nécessité ?

La réflexion pertinente aujourd’hui doit être la question audacieuse de la stratégie politique appropriée pour la conquête DU POUVOIR qui permettrait d’inaugurer un processus de véritable transformation économique, sociale et culturelle. Le terme pouvoir fera probablement tiquer plus d’un dans les cercles mentionnés. Objections légitimes à cause des circonstances tristes de l’histoire – autoritarisme, bureaucratie, dynastie. Mais on ne change pas le monde sans prendre le pouvoir! Il faut aussi débattre de la question de l’Etat (sa nature, son rôle, son omniprésence, sa transformation et ramifications complexes au fil des décennies passées et l’obstacle qu’il constitue entre autres).

L’autre pièce centrale dans le dispositif stratégique qu’on ne peut esquiver, reste l’élément organisationnel, c’est-à-dire Parti ou Mouvement sans lequel on ne peut rassembler politiquement. Cet élément demeure aussi « problématique », encore une fois à cause des expériences historiques des partis traditionnels, réformistes et des trahisons politiques. Mais il constitue une « nécessité » incontournable –  si on veut qu’on nous prenne au sérieux ! Tous les partis ne sont pas des gangs ou des bandits qui vivent sur des financements occultes. Il nous faut un parti ou mouvement de l’ère moderne, quittant les sentiers battus, tirant les leçons du passé, qui assume les multifonctions de PARTI ‘’éducateur, intellectuel, expérimentateur, catalyseur et stratège’’.

De là, on pourrait embrasser ENSEMBLE tout le stratégique qui implique – audace, décision. Initiative, projet, implantation, rassemblement, ralliement, rapport de force, bataille, préparation et articulation démocratique et non-manœuvrière avec les mouvements de masses tels les syndicats et forces sociales !

Capital Media

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