L’Agenda compile les résultats d’un sondage effectué auprès de 83 PDG dans 19 pays africains
Les chefs d’entreprise africains sont moins optimistes qu’il y a un an concernant la vigueur de l’économie mondiale et la capacité de leurs entreprises à augmenter leurs revenus – tant sur le court terme que sur le moyen terme. Un quart des PDG africains (25 %) pensent que l’économie mondiale connaîtra un déclin au cours des 12 prochains mois.
Voici quelques-unes des principales conclusions de la 7e édition (2019) du rapport Africa Business Agenda de PwC, publié aujourd’hui à l’occasion du Forum économique mondial sur l’Afrique, un événement biannuel qui se tient au Cap.
L’inquiétude au sujet de la croissance économique mondiale a également entamé la confiance des PDG concernant les perspectives de leurs propres entreprises sur le court terme, 27 % seulement des PDG déclarant être « très confiants » quant aux perspectives de croissance des revenus de leurs propres entreprises au cours des 12 prochains mois. Par ailleurs, ils ne sont que 39 % à être « très confiants » quant aux perspectives de croissance de leurs entreprises au cours des trois prochaines années.
Commentant les conclusions du sondage, Dion Shango, PDG de PwC Africa, a déclaré :
« Alors qu’ils portent leurs regards vers l’année à venir, les PDG africains sont moins confiants quant aux perspectives de l’économie mondiale qu’ils ne l’étaient il y a un an. Ils ont le même sentiment lorsqu’ils examinent les perspectives de croissance de leur propre entreprise.
« En Afrique, les incertitudes économiques et politiques, entre autres problèmes, remettent en question les espoirs de croissance immédiate et future des chefs d’entreprises. Bien que l’on assiste à une baisse de l’optimisme, les chefs d’entreprises africains voient quelques opportunités sur le continent mais, globalement, ils font preuve de prudence. »
L’Agenda compile les résultats d’un sondage effectué auprès de 83 PDG dans 19 pays africains. Les résultats sont comparés aux conclusions du 22e sondage annuel mondial des PDG de PwC, effectué auprès de plus de 1 300 PDG au 4e trimestre 2018. L’Agenda fournit une analyse approfondie et des réflexions sur la manière dont les entreprises s’adaptent pour relever les défis liés à l’exercice d’activités en Afrique.
Nonobstant la conjoncture économique actuelle et d’autres difficultés, les chefs d’entreprises affichent un optimisme certain concernant le potentiel de libération de davantage de croissance sur le continent. Alors que les États-Unis, la Chine et le Royaume-Uni continuent d’être les principaux marchés traditionnels pour les opportunités de croissance, il convient de noter que 20 % des PDG africains « ne savent pas » vers quoi d’autre se tourner pour obtenir de la croissance et 5 % déclarent qu’il n’y a « aucun autre pays » vers lequel ils pourront se tourner. Le rapport suggère que cela pourrait refléter la conjoncture économique et politique actuelle.
Principaux risques liés à l’exercice d’activités en Afrique
Les incertitudes économiques, sociales et politiques persistantes sont une source d’inquiétude permanente pour les PDG dans le monde entier, et les PDG africains sont tout autant concernés. Les préoccupations relatives à l’incertitude politique, à la pénurie de compétences, à la réglementation excessive et à la volatilité des taux de change sont en tête de la longue liste de risques causant de l’anxiété chez les PDG de toutes les régions.
Ce qui ressort de ces conclusions est le fait que la proportion de PDG africains se déclarant « extrêmement préoccupés » par ces questions est systématiquement supérieure à celle de leurs homologues mondiaux. Bien que cela soit troublant tant pour les entreprises que pour les pays dans lesquels elles opèrent, il convient de noter que la proportion de PDG inquiets a, dans de nombreux cas, baissé par rapport à notre précédent sondage. Par exemple, 39 % des PDG africains s’inquiètent de l’instabilité sociale en 2019 (18 % au niveau mondial), un chiffre en nette amélioration par rapport aux résultats de l’an dernier (50 %), suggérant que, dans de nombreux pays, les conditions sont « moins mauvaises » qu’auparavant.
Les principales sources d’inquiétude des PDG africains sont les menaces sociopolitiques et économiques, ils sont « extrêmement préoccupés » par les incertitudes entourant la croissance économique (41 % pour l’Afrique ; 24 % au niveau mondial), le chômage (33 % pour l’Afrique ; 13 % au niveau mondial), le populisme (33 % pour l’Afrique ; 28 % au niveau mondial), la volatilité des taux de change (42 % pour l’Afrique ; 26 % au niveau mondial) et le manque d’infrastructures de base (35 % pour l’Afrique ; 17 % au niveau mondial).
En Afrique, les incertitudes économiques et politiques, entre autres problèmes, remettent en question les espoirs de croissance immédiate et future des chefs d’entreprises
Concernant les menaces au niveau commercial, 43 % des PDG africains (contre 35 % au niveau mondial) déclarent être « extrêmement préoccupés » par une réglementation excessive, 35 % (30 % au niveau mondial) ont cité les cybermenaces et 45 % (34 % au niveau mondial) sont « extrêmement préoccupés » concernant la disponibilité de compétences clés.
Conflits commerciaux et accords commerciaux
Il importe de souligner que les conflits commerciaux et le protectionnisme ne figurent pas dans la liste des dix principales préoccupations en Afrique. En fait, peu de pays d’Afrique sont susceptibles de bénéficier des tensions commerciales dans d’autres zones géographiques. Bien que certaines de ces questions constituent des obstacles aux affaires et au commerce, de nouvelles perspectives de croissance des revenus se présentent du fait de nouveaux accords commerciaux. Alors que le reste du monde est impliqué dans des conflits commerciaux, les pays africains cherchent à ouvrir leurs marchés au commerce. L’Accord de libre-échange continental africain (AfCTA) est au centre de cette activité. L’accord établit la Zone de libre-échange continentale – la plus importante au monde en termes de pays participants depuis la création de l’Organisation mondiale du commerce en 1992.
En règle générale, les pays africains échangent peu entre eux. Aujourd’hui, le commerce en Afrique représente moins de 3 % du commerce mondial. Les faibles chiffres du commerce s’expliquent par plusieurs problèmes, à savoir une insuffisance des infrastructures sur le continent, des droits de douane élevés sur les importations, la bureaucratie et le fardeau administratif, ainsi que des problèmes aux postes frontières.
« Pour stimuler la croissance économique sur le continent, il est vital que les pays africains améliorent leurs échanges commerciaux et investissent dans les infrastructures afin de favoriser le commerce », a déclaré M. Shango.
Plans pour la croissance et l’expansion
Une proportion importante de PDG africains (93 %) sont « assez confiants » ou « très confiants » quant aux perspectives de croissance des revenus de leur entreprise au cours des trois prochaines années – un chiffre supérieur à la moyenne mondiale qui s’établit à 85 %. Face aux incertitudes entourant les marchés actuels, les PDG se tournent vers l’intérieur pour stimuler la croissance de leurs revenus.
Comme principaux facteurs de croissance des revenus, les PDG africains ont identifié l’efficacité opérationnelle (80 % pour l’Afrique ; 77 % au niveau mondial), la croissance organique (76 % pour l’Afrique ; 71 % au niveau mondial) et le lancement d’un nouveau produit ou service (58 % pour l’Afrique ; 62 % au niveau mondial).
Seulement 36 % des PDG africains (37 % au niveau mondial) ont affirmé qu’ils chercheraient à pénétrer un nouveau marché dans leur quête d’une croissance de leurs revenus.
Progrès technologiques et données
Les forces de la mondialisation et des technologies transforment le milieu de travail. Un fort pourcentage de PDG africains (83 %) classent les progrès technologiques parmi les trois plus grandes tendances ayant transformé le plus le milieu du travail ces cinq dernières années.
Malgré les importants investissements réalisés dans la technologie, les PDG ont identifié un écart énorme entre les données dont ils ont besoin pour prendre des décisions éclairées et la pertinence des données qu’ils reçoivent. Les PDG africains affirment que les principales raisons de cela sont la compartimentation des données et un manque de partage des informations (59 % pour l’Afrique ; 51 % au niveau mondial), ainsi que la faible fiabilité des données (57 % pour l’Afrique ; 50 % au niveau mondial).
La plupart des PDG en Afrique adoptent une approche attentiste à l’égard de l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) dans le milieu du travail – actuellement 35 % (23 % au niveau mondial) des PDG n’ont aucun plan en place pour mener dès maintenant des initiatives dans l’IA, mais ils sont 46 % (35 % au niveau mondial) à prévoir de lancer des projets d’IA au cours des trois prochaines années. Les chefs d’entreprises africains se tournent vers les gouvernements pour les aider dans la gestion de l’IA. La plupart des PDG (76 % pour l’Afrique ; 65 % au niveau mondial) pensent que les gouvernements devraient inciter les entreprises à reconvertir les travailleurs dont les emplois sont automatisés par l’IA.
M. Shango conclut :
« Alors que les événements sociaux, politiques et économiques font évoluer les conseils d’administration, les PDG africains doivent progresser pour apporter une contribution significative et rétablir la confiance pour le long terme. Les entreprises ont un rôle essentiel à jouer pour instaurer et entretenir la confiance dans la société, et les PDG se doivent d’assumer les responsabilités et favoriser la confiance qui en résulte. »
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