comment les services financiers peuvent-ils fonctionner pour la gig economy ?

(MICROSAVE CONSULTING) – C’est une nouvelle semaine et un nouveau mois. Miriam se lève le matin, imprime une vingtaine d’exemplaires de son CV et prend la direction de Nairobi. Elle prévoit de déposer son CV auprès de différentes entreprises du quartier central des affaires dans l’espoir de trouver un emploi. Cela fait maintenant neuf mois qu’elle a obtenu son diplôme d’ingénieur en électricité dans une école technique locale. Pourtant, elle n’a pas réussi à décrocher un emploi en bonne et due forme.

Voir aussi le webinaire : Développer des concepts de produits d’assurance et de micro-assurance pour la “gig économie”, l’exemple de Lynk au Kenya

La pénurie d’emplois formels représente une source de frustration croissante pour les jeunes du Kenya comme Miriam. La pandémie de COVID-19 aggrave encore plus la situation. Incapable de trouver un emploi formel, Miriam a utilisé ses compétences pour fournir des services de réparation électrique aux habitants de sa ville et gagner ainsi un peu d’argent pour se lancer. Compte tenu du caractère essentiel de son activité, Miriam continue de recevoir des appels pour réparer des pannes électriques domestiques. Les revenus tirés de ces réparations pourraient être décents s’ils étaient plus réguliers et mieux payés. Elle souhaite être son propre patron, mais les demandes de réparation de ses amis et de ses anciens clients ne sont pas suffisantes.

Selon les Nations Unies, le taux de chômage[1] du Kenya est de 11,5 %, un chiffre nettement supérieur aux pays voisins que sont la Tanzanie et l’Ouganda, qui ont des taux de chômage de respectivement 2,2 % et 2,1 %. Il est important de résoudre les problèmes de chômage, qui relèvent des Objectifs de développement durable 1 (éliminer la pauvreté) et 8 (promouvoir la croissance économique). Au Kenya, le secteur informel offre d’abondantes possibilités de générer des revenus pour les jeunes. Le Bureau national des statistiques du Kenya estime qu’en 2018, 83 % des personnes employées au Kenya travaillaient dans le secteur informel. Ce chiffre augmente de façon régulière depuis cinq ans, ce qui illustre le rôle essentiel que le secteur informel joue dans l’économie.

Ce secteur présente plusieurs caractéristiques. Il s’agit principalement d’activités à petite échelle, avec des barrières à l’entrée et à la sortie peu élevées, des compétences acquises principalement dans les écoles professionnelles, un investissement en capital peu élevé, une sécurité de l’emploi limitée ou inexistante et un statut de travailleur indépendant. La prolifération des services financiers digitaux a également permis le travail et le paiement à distance, le cas échéant.

Le secteur informel est toutefois confronté à plusieurs défis :

  • Rémunération faible et irrégulière : les emplois informels ne sont pas stables. La rémunération est souvent peu élevée, car les emplois informels sont souvent considérés comme de moindre valeur.
  • Manque de sensibilisation et protection minimale des travailleurs par le droit du travail : les travailleurs sont notamment exposés aux mauvais traitements, aux licenciements abusifs et à de mauvaises conditions de travail.
  • Accès difficile ou impossible aux services financiers utiles, tels que l’assurance, le crédit ou les régimes de retraite : les travailleurs du secteur informel n’ont pas de justificatifs financiers ni de sécurité d’emploi, ce qui les empêche d’accéder au crédit et à l’assurance.
  • Absence d’antécédents professionnels : à l’exception des recommandations personnelles, les travailleurs informels sont rarement en mesure de faire la preuve de leur expérience pour obtenir un emploi.
  • Perte de revenus potentiels pour l’État : la plupart des travailleurs informels ne contribuent pas à l’impôt sur le revenu.

Comment le secteur informel peut-il par conséquent devenir plus favorable aux travailleurs ? Comment résoudre les problèmes liés à l’emploi informel, tels que la faiblesse des revenus, la précarité du travail et la difficulté d’accès aux services financiers ? L’économie de plateforme est une solution qui permet aux travailleurs informels de bénéficier des avantages de l’économie formelle. Grâce à ces plateformes digitales, les antécédents des travailleurs sont enregistrés et consultables. Ayant donné naissance au concept de « gig economy » (économie à la tâche), ces plateformes digitales sont des marchés qui permettent aux travailleurs indépendants d’entrer en contact avec des clients pour leur proposer des services ponctuels et de courte durée dans des domaines tels que le transport, la plomberie, l’installation ou la réparation électrique, la recherche et le développement web, entre autres services.

Voici quelques exemples actuels en provenance du monde entier :

Lynk est une plateforme de travail indépendant en ligne qui permet aux clients de trouver des artisans et divers autres professionnels du secteur informel, comme par exemple des plombiers, des menuisiers, des électriciens, des peintres, des masseuses ou des esthéticiennes. Pour accéder à ces services, les clients se connectent au site web et recherchent le service qu’ils souhaitent obtenir. Une fois que la plateforme reçoit la demande, elle met le client en relation avec l’un des professionnels, également appelé « pro ». Le professionnel reçoit une alerte sur l’opportunité de travail disponible et répond en indiquant sa disponibilité. Après le service, le consommateur classe le pro en fonction de la qualité perçue du service qu’il a reçu, généralement pour la référence du consommateur suivant. Parmi les autres acteurs qui utilisent des applications pour offrir un accès rapide et facile à des spécialistes à court terme au Kenya, on peut citer Ujuzy et Kuhustle.

Formaliser des aspects du secteur informel

Les plateformes de travail indépendant garantissent un flux de travail plus régulier au travailleur informel. Les clients se fient à ces plateformes pour trouver une expertise sûre et vérifiée. Les travailleurs informels ont ainsi accès chaque jour à davantage d’opportunités et disposent de revenus plus stables. Miriam fait maintenant partie d’une plateforme de travail indépendant qui lui permet de proposer différents services d’installation et de réparation électrique. Elle bénéficie ainsi d’une combinaison de travail provenant de la plateforme et d’autres sources. Grâce à la plateforme, elle continue de servir les habitants de sa ville en parallèle de nouveaux utilisateurs selon leur localisation.

Suite au nombre croissant d’infections par le COVID-19 et aux mesures de confinement et de distanciation sociale imposées par le gouvernement, certains services basés sur des applications sont en train de prospérer. Glovo, une entreprise de livraison, a été citée parmi les applications les plus téléchargées pour le mois de mars 2020 au Kenya.

La pandémie COVID-19 a néanmoins eu un impact considérable sur les emplois informels traditionnels qui exigent une présence physique. Par exemple, la manucure qui attendait que les clients passent devant sa boutique n’a plus d’activité, car les clients sont tous chez eux, à l’abri de la propagation du virus. Le menuisier, qui comptait sur la clientèle de passage pour voir et acheter de beaux meubles, ne peut plus vendre sa marchandise, car les clients restent chez eux. Quand l’artisan est en mesure de présenter sa marchandise sur une plateforme en ligne, le client peut y accéder facilement. Il a toujours besoin de meubles et de beaux ongles, mais il en a besoin dans la sécurité de son domicile.

Les plateformes de travail indépendant collectent de grandes quantités de données. Ces données comprennent des informations telles que le nombre de contrats ou de missions, le montant des paiements, la gamme des services fournis et les témoignages des clients. Ces données peuvent permettre aux travailleurs informels d’accéder à différents services financiers, tels que le crédit, la retraite ou l’assurance. Certains pays exigent que les plateformes de travail indépendant fournissent des couvertures d’assurance de type Work Injury Benefits Act (WIBA : lois sur les accidents du travail), notamment pour l’embauche d’ouvriers exposés au risque d’accidents du travail.

MSC a récemment engagé des compagnies d’assurance locales pour développer des produits de micro-assurance destinés aux travailleurs indépendants. La plateforme est en train de tester l’utilisation des données relatives aux transactions et aux emplois afin de fournir une couverture adéquate aux travailleurs indépendants dans le cadre de polices évolutives et à la demande. Les produits d’assurance de ce type sont avantageux pour les travailleurs comme pour les plateformes. Leur développement nécessite toutefois de repenser les modèles d’assurance pour les centrer davantage sur le client tout en répondant aux besoins d’un secteur informel en pleine mutation digitale. Les plateformes de travail indépendant doivent également étudier le rôle des incitations, comme par exemple l’éducation financière, pour aider les travailleurs indépendants à améliorer leurs conditions de vie grâce à des services financiers distribués sous forme digitale, en matière d’assurance par exemple.

Miriam a commencé à travailler par l’intermédiaire de Lynk pour offrir des services de réparation électrique. « Grâce à la plateforme, je gagne maintenant mieux ma vie que mes amis qui ont un emploi formel » se réjouit Miriam. Désormais son propre patron, elle est beaucoup plus optimiste quant à son avenir.

Dans le prochain article, nous nous intéresserons plus en détail au développement de produits d’assurance et d’autres produits financiers destinés aux travailleurs indépendants.

Peter Karah

[1] Le chômage est défini par l’Organisation internationale du travail (OIT) comme « le fait de ne pas occuper un emploi salarié ou indépendant, mais d’être disponible pour travailler et d’avoir pris des mesures pour chercher un emploi ou un travail indépendant ».

 MSC

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by : MICROSAVE CONSULTING

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Capital Media

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