la 3e place financière mondiale menacée par le conflit entre les Etats-Unis et la Chine

(Agence Ecofin) – Le président américain Donald Trump a annoncé une série de sanctions, en réponse à l’initiative de la Chine de faire adopter à Hong Kong, une loi jugée liberticide. Ce paradis fiscal et juridique, 3e place financière mondiale, voit son avenir hypothéqué, alors que la communauté internationale reste sans voix.

Le président américain a ordonné vendredi 29 mai 2020 à son administration de révoquer le « statut spécial » que les Etats-Unis accordent à Hong Kong. Cette décision de Donald Trump est le dernier épisode d’une escalade de tensions qui remet en cause un compromis politique et économique réalisé en 1997, entre le monde occidental et la Chine. Les marchés attendent encore des précisions.

L’annonce du président Trump est survenue lorsque les bourses asiatiques étaient déjà fermées, en raison du décalage horaire. Mais suite aux tensions grandissantes entre Pékin et Washington, près de 230 entreprises, sur les 500 premières capitalisations boursières que compte le marché financier de Hong Kong, ont déjà vu leur valeur baisser en fin de semaine passée.

Pour le gouvernement de Hong Kong, qui actuellement est pro-Pékin, « les sanctions ne sont pas justifiées et conduiront à la rupture d’une situation mutuellement avantageuse entre Hong Kong et les États-Unis. », peut-on lire des propos d’un communiqué, rapporté par des médias locaux.

Des conséquences pour la Chine, mais aussi pour les USA.

Si Hong Kong perd son statut spécial, il s’ensuivra une chaine de conséquences dont on ne peut pour l’instant évaluer la magnitude. Les décisions peuvent aller de la suppression des avantages fiscaux, monétaires, ou de la liberté d’aller et venir, jusqu’au gel des avoirs de certaines entreprises chinoises. Washington voudra sans doute que sa décision soit aussi douloureuse que possible pour la Chine, sachant que les entreprises chinoises, y compris les entreprises publiques, se financent régulièrement sur la place de Hong Kong, soit via de la dette, soit via des actions.

Hong Kong est en effet très utilisée par les entreprises et les particuliers chinois, qui, dans leur pays, disposent d’une liberté financière très limitée. Hong Kong héberge également le siège Asie de bon nombre de grandes entreprises mondiales. Si elle perd une part trop importante de ses avantages, bien des entreprises pourraient décider de s’installer ailleurs.

Enfin, Hong Kong est de longue date un haut lieu d’expertise, qui a permis à la Chine de se connecter au système financier international, et de positionner sa monnaie, le Yuan Renminbi, comme une monnaie internationale. Il existe aujourd’hui un marché obligataire international en monnaie chinoise, dont 72% du stock est utilisé sur la place financière de Hong Kong et 30% y est échangé contre d’autres devises.

Mais la Chine ne sera pas la seule perdante à ce jeu. Selon un rapport officiel du consultat des Etats-Unis à Hong Kong, plus de 1300 entreprises américaines opéraient en 2018 dans cette juridiction spéciale, et environ 300 multinationales américaines y avaient leurs bases régionales pour l’Asie. Presque toutes les grandes sociétés financières américaines ont une présence à Hong Kong, avec des centaines de milliards de dollars d’actifs sous gestion.

Grâce aux données de Capital IQ, on peut constater que BlackRock, ainsi de nombreux autres gestionnaires de fonds américains et européens, occupent des rangs élevés, dans la géographie du capital des entreprises cotées sur la Bourse de Hong Kong. En 2018, les USA y ont réalisé leur plus grand excédent commercial, soit l’équivalent de 31,8 milliards $.

De même, l’impact de Hong Kong sur la croissance économique chinoise s’est sensiblement réduit. Son poids sur le PIB de la Chine est passé de 15,9% en 1997, à seulement 2,7% en 2019. Dans les services bancaires commerciaux, 35% de l’encours global des prêts accordés par les banques basées à Hong Kong, soit 725 milliards $, étaient destinés à la Chine. Cela ne représentait que 3,7% du marché chinois de la dette, qui était de 19,7 milliards de dollars.

En outre, près de 40% des prêts accordés à Hong Kong l’étaient au profit des entreprises publiques, qui ont déjà un accès relativement facile sur le marché interne des capitaux. Enfin, le paradis financier de Hong Kong possède une bourse importante et de classe mondiale, mais les volumes de transactions, de l’ordre de 8 milliards $ par jour, y sont bien inférieurs à ceux de Shanghai et de Shenzhen qui, réunis, atteignent à 48 milliards $.

Toutefois, Hong Kong reste un atout important pour la Chine en raison de la sophistication de son architecture financière. Si Donald Trump venait à interdire aux entreprises chinoises de se financer sur le marché américain, la place de Hong Kong pourrait constituer un recours. 

Pour rappel, en 2019, l’actualité financière a été marquée par l’annonce de la Bourse de Hong Kong, souhaitant racheter le London Stock Exchange Group. L’opération n’est pas allée à son terme, mais on comprend désormais que cette initiative ne s’inspirait pas d’une simple opération de croissance externe, mais d’une probable stratégie visant à placer la Chine dans le nexus des grandes places financières internationales.

Pékin avait pensé faire de Macao, qui est autonome mais sous contrôle chinois, une alternative à Hong Kong. Mais il est difficile de transformer ce qui représente en réalité un casino géant, en une place financière sophistiquée. Macao compte en effet une main d’œuvre limitée en qualité et en quantité, et il sera difficile d’y attirer les talents internationaux, en raison d’un système économique dirigé par la Chine.

La Communauté Internationale bien silencieuse….

La Communauté internationale est trop préoccupée à se battre contre le Coronavirus et ses conséquences économiques, pour prendre des positions fermes sur ce conflit. D’autant moins que l’Amérique de Trump ne s’est pas fait beaucoup d’amis ces derniers temps. Les Etats-Unis sont en conflit ouvert avec de nombreux pays, au grand désespoir de ses partenaires européens. Le rejet de l’Accord de Paris, le torpillage des accords difficilement acquis, avec l’Iran, et le conflit avec l’OMS, sont autant de nuages qui s’accumulent dans les relations des USA avec le monde.

En Afrique, c’est le silence radio. Aucun leader africain ne s’est exprimé publiquement sur la politique de Pékin à Hong-Kong, ni sur les menaces américaines en rapport. La Chine est le premier créancier du continent noir, avec beaucoup d’accords de prêts peu transparents. Et Pékin a prévenu : tout pays qui se prononcerait sur la question, serait en situation d’interférence dans les affaires internes chinoises. Difficile, dans un tel contexte, de voir un chef d’Etat africain aborder le sujet de front…


Comprendre le conflit Chine Etats-Unis au sujet de Hong Kong.

Lorsqu’en 1997 la Grande-Bretagne a rendu Hong Kong à la Chine, le gouvernement chinois avait promis que la ville disposerait d’un « haut degré d’autonomie » dans ses affaires juridiques et économiques pendant 50 ans, dans le cadre d’un accord préalable, signé sous l’appellation « Un pays, deux systèmes ». C’est en vertu de cet arrangement que le parlement américain avait décidé de voter une loi accordant un certain nombre d’avantages à Hong Kong, notamment la libre convertibilité de la monnaie, de la circulation des capitaux, ainsi que celle des biens et des personnes.

Depuis 2019, cette autonomie a commencé à être entamée. Un premier rapport américain sur le climat politique à Hong Kong déclarait que l’autonomie de la ville était « suffisante – bien que diminuée ». Après le début des manifestations en juin 2019, le Département d’État a déclaré que « l’érosion continue » de l’autonomie de Hong Kong mettait en péril son « statut établi de longue date dans les affaires internationales ». Plus récemment fin mai 2020, Mike Pompeo, le secrétaire d’Etat américain a estimé que Hong Kong avait « perdu toute autonomie. »

Le fait est que le chef de l’Etat chinois Xi Jiping souhaite étendre son influence. Comme on peut le lire dans ce document du parti communiste chinois, les développements de ces deux dernières années à Hong Kong, font partie d’un vaste plan visant à unifier les hubs économiques de l’est de la Chine, que sont Guangzhou, Macao et Hong Kong. Un programme bien élaboré, qui permettrait à Pékin de renforcer sa puissance financière.


 

Idriss Linge

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by : Agence Ecofin

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