opportunités pour créer un écosystème entrepreneurial plus équitable en Afrique de l’Ouest

(MICROSAVE CONSULTING) – Selon le fondateur d’un incubateur et fonds d’investissement dédié aux femmes, basé au Sénégal : «D‘une manière générale, la pandémie a touché les femmes de manière disproportionnée parce qu’elles sont plus engagées dans le secteur informel et c’est là que la crise a eu le plus grand impact ».

Au cours de la dernière décennie, seulement 10 % des start-ups technologiques en Afrique de l’Ouest, qui ont levé 1 million de dollars US, avaient au moins une cofondatrice. Selon la Banque mondiale, les  pandémies précédentes ont montré que les crises affectent les femmes et les entreprises qu’elles dirigent de manière différente, et souvent plus négative, qu’elles ne le font sur les hommes. Qu’elles soient employées dans le secteur formel ou informel, la pandémie a affecté les femmes plus gravement car leurs entreprises sont plus petites et qu’elles disposent de moins de ressources. Une analyse récente de PitchBook a révélé qu’au troisième trimestre  2020, le financement en capital-risque pour les femmes fondatrices a atteint son total trimestriel le plus bas en trois ans. En effet, au-delà des l’impact de la crise, les sexospécificités profondément enracinées dans le contexte socio-culturel réduisent à la fois l’autonomie des femmes et leurs possibilités d’accès au financement.

Le déficit de financement des femmes entrepreneurs en Afrique subsaharienne s’élève actuellement à 42 milliards de dollars US. Si l’écart entre les sexes en Afrique se comble, Gender Smart estime que le PIB de l’Afrique devrait atteindre 316 milliards de dollars US d’ici 2025. On constate que de nombreuses micros, petites et moyennes entreprises (MPME), y compris des entreprises technologiques, tombent dans le «milieu manquant». En d’autres termes, ces entreprises sont trop grandes pour être financées par les institutions de microfinance et trop petites pour l’être par les banques. Ce déficit de financement est encore plus important pour les femmes, même lorsqu’elles sont dans des secteurs à fort potentiel. Les principales raisons à cela sont les suivantes :
 

  1. Capacité limitée des femmes à répondre à leurs aspirations et à rechercher un soutien pour y répondre. Ceci est associé à des attentes sociales élevées. Par exemple, les femmes se sentent souvent obligées de respecter les normes sociales, de ne pas rentrer tard à la maison, de ne pas gagner plus ou de ne pas être une entrepreneure indépendante. Certaines femmes manquent également de confiance en elles. 
  2. Connaissance limitée des sources de financement. Selon un investisseur, les femmes peuvent également avoir ou rechercher moins d’informations sur les investisseurs que les hommes, soit par manque de sensibilisation, soit par manque d’accès à ces informations. Cela peut renforcer l’inégalité entre les sexes dans l’accès au financement. 
  3. Préjugé sexiste du côté de l’offre. La parité est un sujet brûlant pour certains investisseurs, comme Orange Sénégal et Green Tec. Cependant, tout en prenant des décisions de financement, de nombreux investisseurs interrogés ont révélé que la durabilité et le profit sont plus importants pour eux. La plupart des investisseurs pensent que les entreprises dirigées par des femmes sont moins viables, ou pas assez axées sur le profit, voire les deux. Né du manque de soutien aux femmes entrepreneurs en Afrique de l’Ouest francophone, WIC Capital est le seul fonds d’investissement dédié aux entreprises dirigées par des femmes au Sénégal et en Côte d’Ivoire. 

Les femmes ont un style de leadership différent et ont souvent besoin de compétences spécifiques pour professionnaliser leurs activités.

Comme pour de nombreux entrepreneurs, les femmes ont du mal à obtenir un accès au capital pour créer et développer des entreprises. Comme mentionné dans nos blogs précédents, les barrières culturelles semblent être un facteur important pour certaines. Une grande majorité de start-ups technologiques dirigées par des femmes maintiennent un chiffre d’affaires limité et ont du mal à se développer.

L’éducation inadaptée est une des raisons possibles pour une croissance limitée ; malgré un fort esprit d’entreprise, les femmes n’ont parfois pas la formation nécessaire en compétences entrepreneuriales et en gestion. Elles doivent renforcer leurs capacités en matière de gestion de risques et de finances publiques, améliorer leurs processus et professionnaliser leur activité. 

Le renforcement  des capacités est également un problème critique. Seules 13 % des start-ups FinTech au Sénégal ont des femmes fondatrices ou co-fondatrices. Les programmes de formation traditionnels proposés par les incubateurs ne répondent pas aux besoins existants des jeunes entreprises dirigées par des femmes. WIC a reconnu cette lacune et a lancé ses services de renforcement des capacités, WIC Académie. L’Académie offre des services de conseil sur mesure après un diagnostic des start-up participantes. 

Un seul incubateur de notre échantillon, ImpactHub, prend activement en compte le sexe et l’âge d’un entrepreneur. 40 % de ses clients sont des femmes et 90 % de l’ensemble des fondateurs ont moins de 35 ans. ImpactHub prévoit également de développer un programme spécifique pour les femmes. Cependant, il n’a pas encore approfondi systématiquement les raisons pour lesquelles les femmes sont sous-représentées dans l’industrie des start-ups en Afrique de l’Ouest francophone. ImpactHub n’a pas encore identifié la meilleure façon d’aborder ses activités spécifiques aux femmes ; par exemple, pour offrir un programme de formation holistique qui couvre les compétences nécessaires ou qui se concentre sur l’amélioration des compétences numériques. Cependant, ni WIC ni ImpactHub n’ont de start-up FinTech parmi leurs incubés actuels. 

La pandémie de la Covid-19 a souligné la nécessité de soutenir l’autonomisation économique des femmes et d’améliorer l’accès aux services financiers

Selon le Project Sage 3.0, 35 fonds à travers le continent se concentrent explicitement sur le genre. La recherche révèle qu’une optique de genre est toujours définie au sens large dans l’investissement, différents fonds se concentrant sur un ou plusieurs éléments. Ces éléments comprennent la promotion de la femme dans la finance en général, la promotion des femmes à la direction ou la promotion de produits et de services qui améliorent la vie des femmes, entre autres. 
Les start-up dirigées par des femmes ont besoin de plus de soutien dans ce parcours d’autonomisation économique et financier. Cela commence par  la réduction des préjugés sexistes grâce à une formation intentionnelle et la diversification des outils d’investissement qui pourraient combler le déficit d’investissement financier. La priorité est de développer un cadre réglementaire qui, contrairement au scénario actuel, favorise avant tout l’investissement, améliorant l’accès au financement. La réglementation au Sénégal n’est pas suffisamment mature pour soutenir les mesures qui favorisent l’investissement dans les entreprises dirigées par des femmes

Les parties prenantes doivent soutenir les femmes et les jeunes du secteur FinTech par le biais de programmes dédiés ou de lignes de refinancement pour éviter de creuser les inégalités qui existaient avant même que la pandémie ne frappe. Le gouvernement et les donateurs pourraient offrir un financement ou une assistance technique aux incubateurs pour leur permettre de lancer des programmes spécifiques pour les entrepreneurs dirigés par des femmes. Des initiatives, telles que la Plateforme Genre de l’African Venture Philanthropy Alliance, qui connectent les investisseurs pour traiter des opportunités de flux et de co-investissement sont un bon début pour conduire le changement, mais les entités francophones doivent être plus impliquées dans ce domaine. Du côté de la demande, de faibles niveaux de littératie financière et numérique, associés au cadre réglementaire en constante évolution, créent des goulots d’étranglement critiques qui empêchent les femmes d’accéder ou d’adopter des services financiers numériques. 

Soutenir les entreprises dirigées par des femmes signifie accélérer l’inclusion financière des femmes

A partir d’un argumentaire similaire, diverses études indiquent qu’une femme est moins susceptible d’obtenir des fonds qu’un homme. Les entreprises dirigées par des femmes font autant de profits que leurs homologues masculins et cherchent souvent explicitement à avoir un impact social, en particulier dans la vie des autres femmes. Les investisseurs devraient revoir leurs préjugés conscients et inconscients envers les entreprises dirigées par des femmes. La formation des investisseurs à la sensibilité au genre peut aider à réduire l’écart d’investissement entre les entreprises dirigées par des femmes.

Lorsque les start-ups dirigées par des femmes sont financées, elles ont plus de chances de réussir car elles génèrent finalement des revenus plus élevés – plus de deux fois plus par dollar investi, selon une analyse du Boston Consulting Group. Les incubateurs et les investisseurs devraient s’efforcer de comprendre pourquoi les femmes sont sous-représentées et utiliser ces résultats pour attirer davantage de femmes dans leurs programmes. Ils devraient également se concentrer sur la fourniture de services de soutien sur mesure à chacun de leurs incubés. 

Pour cela, les incubateurs et les investisseurs doivent d’abord donner la priorité à la collecte de données ventilées par sexe et par la tranche d’âgeafin de développer des programmes fondés sur les réalités du terrain, un aspect sur lequel MSC possède une vaste expérience à travers ses recherches. Ensuite, ils pourraient engager un dialogue régulier et échanger des connaissances avec des femmes et des jeunes entrepreneurs et divers acteurs de l’écosystème via des plateformes en ligne, telles que Le Hub de la Finance Digitale. Enfin, ils pourraient plaider pour un plus grand soutien réglementaire par le biais de politiques sexospécifiques. 

Le climat est propice pour que les acteurs concernés évoluent ensemble dans cette direction et développent un système Fintech entrepreneurial plus résilient et plus équitable dans la région.

Cécile Voigt et Shailey Tucker

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by : MICROSAVE CONSULTING

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