Au Nigeria, nouveaux tours de vis de la Banque centrale pour contrer l’inflation, la croissance pourrait en pâtir

(Agence Ecofin) – Les nouveaux durcissements de la Banque centrale du Nigeria vont-ils réussir enfin à résorber la poussée inflationniste que vit le géant africain ? Dans un Nigeria paré pour la campagne présidentielle de 2023 qui vient de commencer, la CBN était très attendue sur les questions de vie chère. 

Hausse du principal taux directeur, relèvement du ratio de réserve de trésorerie… Au Nigeria, la Banque centrale (CBN) a décidé de passer à la vitesse supérieure pour contrer l’inflation qui a atteint des niveaux records ces derniers mois. 

Assécher “un peu” les banques pour contrôler la masse monétaire

Même si les conséquences risquent d’être désastreuses pour la croissance économique, la CBN dirigée par Godwin Emefiele (photo), a décidé, mardi 27 septembre, de renforcer son tour de vis bancaire. 

D’abord, le Comité de politique monétaire a relevé, une troisième fois en moins de 5 mois, le principal taux directeur (+150 points de base) à 15,5% désormais, avant de se pencher sur le ratio de réserve de trésorerie (CRR – Cash Reserve Ratio), dans ce qui s’apparente à l’une de ses dernières cartes pour sauver les prix. 

Concrètement, avec le relèvement du CRR, les banques commerciales doivent désormais conserver 32,5% de leurs dépôts auprès de la Banque centrale, contre 27,5% auparavant.  

Pour le gouverneur de la Banque centrale, la mesure vise à contrôler la liquidité dans le système bancaire et, par conséquent, la masse monétaire, dans une économie plombée par une inflation de plus en plus galopante, alors que le pays vient d’entrer en campagne pour la présidentielle de 2023.  

« Nous avons augmenté le CRR, et nous nous attendons à ce que cette décision soit considérée comme une mesure forte. Nous nous attendons à ce que toutes les banques du Nigeria approvisionnent leurs comptes d’ici jeudi (48 heures) [pour compléter leurs réserves, ndlr], car nous porterons leur CRR à un minimum de 32,5 %. Ce qui signifie que nous allons retirer des liquidités de leurs coffres d’ici jeudi », a précisé Godwin Emefiele, lors d’un point de presse, au sortir de l’édition de septembre de la réunion du Comité de politique monétaire à Abuja.

« Si une banque ne parvient pas à répondre à cette attente, la décision du MPC [Comité de politique monétaire, ndlr] est que nous devrons peut-être l’exclure du marché des changes vendredi et au-delà jusqu’à ce qu’elles atteignent ces 32,5% », a menacé le responsable nigérian. 

Péril sur la croissance 

La décision semble une arme à double tranchant d’autant que les conséquences pourraient être désastreuses pour la croissance économique, dans un contexte contrasté de baisse de la production pétrolière, principale source de devises du géant africain, et de crises exogènes, notamment l’invasion russe en Ukraine. 

Même s’il reconnaît que le resserrement de la politique monétaire augmentera les coûts du crédit et retardera la croissance économique, le leader nigérian estime que cette option semblait la meilleure dans la situation de pression inflationniste que vit le pays. En l’espace de quatre mois, l’inflation s’est fortement accélérée de 280 points de base, passant de 17,71 % en mai 2022 à 20,52 % en août 2022, le plus haut niveau en 17 ans. 

« Oui, cela retardera la croissance. Mais c’était important. Il faut que le niveau des taux soit ce qui nous aidera à ralentir le taux d’inflation. Augmenter le taux ou non, ce qui se passera, c’est que la consommation et l’investissement seront affectés, car le pouvoir d’achat du consommateur diminuera ou chutera complètement. Vous n’avez pas d’autre choix que d’augmenter les taux », s’est justifié le gouverneur de la CBN.

Un naira plus stable ?

Mardi, en prélude à la réunion des banquiers centraux, le naira, la monnaie nigériane, avait chuté à son plus bas niveau historique face au dollar américain alors que l’écart entre le taux change officiel et le taux au noir, a atteint le niveau record de 65%. Le Nigeria utilise plusieurs taux de change pour le naira : taux du circuit officiel, très bas, mais strictement contrôlé par la CBN, et le taux du marché parallèle, plus cher. Plusieurs voix dont le FMI ont appelé, ces derniers mois, les autorités d’Abuja à unifier ces taux, recommandations auxquelles celles-ci résistent jusqu’à présent, en raison notamment d’un manque criant de billets verts dans le pays.  

Pour la CBN, le relèvement du principal taux directeur donne une lueur d’espoir pour le naira, en dépit des fortes dépréciations observées ces dernières années. 

« À moyen et à long terme, le naira devrait se stabiliser, car des taux d’intérêt plus élevés signifient davantage d’afflux de portefeuilles étrangers et un naira plus fort. À court terme, nous prévoyons que la hausse des taux d’intérêt améliorera le climat d’investissement », a soutenu Michael Adebayo Adebiyi, directeur du département recherche de la CBN.

Fiacre E. Kakpo

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27/09/2022 – Le franc CFA a désormais plus de valeur que le naira du Nigeria, une première en 2 décennies

27/09/2022 – Nigeria : le naira tangue alors que la CBN s’apprête à relever, une 3e fois en 5 mois, son principal taux directeur

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by : Agence Ecofin

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