(Agence Ecofin) – Les gouvernements et les autorités monétaires de l’UEMOA doivent adopter une approche plus dynamique dans l’analyse des tendances mondiales des prix du pétrole, afin de minimiser les hausses des prix des carburants sur la consommation et par ricochet l’ensemble de l’économie.

Selon la note de conjoncture de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest pour le mois de décembre 2022, les prix des carburants ont augmenté l’année dernière dans plusieurs pays de l’UEMOA, avec une hausse maximale de 38,6 % au Togo et une hausse minimale de 14,8 % au Sénégal. Cette situation a entraîné une augmentation des prix des transports et de l’énergie, notamment dans des pays comme le Bénin, qui dépendent des centrales thermiques.

La Banque centrale et les gouvernements de l’UEMOA expliquent cette hausse des prix du carburant par la montée des cours mondiaux de pétrole brut, qui ont atteint leur plus haut niveau en mars et juin 2022, peu après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Cette situation a créé une crainte de rupture d’approvisionnement sur les marchés.

Cependant, depuis le pic de juin, la situation a évolué avec une baisse continue du prix du baril de pétrole. Certains analystes attribuent cela à une baisse de la consommation dans les pays développés, ce qui se reflète dans le recul de l’inflation aux Etats-Unis, passée de 9,6 % à seulement 6,4 %, et cette tendance devrait se poursuivre.

Des facteurs autres que les marchés peuvent expliquer le maintien à un niveau élevé des prix des carburants dans la zone UEMOA. La sous-région importe l’essentiel de ses carburants et subit une inflation importée des pays où elle s’approvisionne. Le marché des hydrocarbures est animé par une série d’acteurs pour lesquels il faut du temps pour s’adapter à la hausse de leurs charges d’exploitation.

Les carburants coûteux ne sont pas une bonne nouvelle pour plusieurs secteurs de l’économie de l’UEMOA. Le commerce des véhicules pourrait être perturbé, avec des replis de ventes sur les grosses berlines. En Côte d’Ivoire, un marché important pour l’automobile, la concurrence des véhicules chinois et de petits modèles peu consommateurs en carburant se renforce chaque jour.

Pour les secteurs de grande consommation qui dépendent d’un réseau de distribution pour soutenir les ventes, on risque d’assister à une augmentation des coûts d’exploitation avec deux options possibles. Soit on augmente les prix avec le risque de perdre des clients sous pression qui ne peuvent pas suivre, soit les entreprises absorbent les coûts et réduisent le bénéfice distribuable à leurs investisseurs.

Pour l’heure, il est difficile de donner une tendance précise de la consommation dans l’UEMOA. Selon les informations de la Banque centrale sur les conditions de crédit, les taux d’intérêt pour les crédits affectés à ce secteur sont en très légère hausse, mais restent dans la moyenne de 7 %, un niveau légèrement élevé comparé avec ceux destinés à l’exportation et au soutien de la trésorerie.

Pour les gouvernements et les autorités monétaires de l’UEMOA, il semble désormais plus qu’urgent d’avoir une approche plus dynamique dans l’analyse des tendances mondiales des prix du pétrole, afin de minimiser au mieux les hausses des prix qui détruisent la consommation et par ricochet l’ensemble de l’économie.

La seule connaissance des prix ne suffit plus, il y a une nécessité à bien appréhender les éléments de marché et de stratégie qui influencent directement le prix de l’or noir. Aussi, les statisticiens de la sous-région devront se donner les moyens, de quantifier au mieux la consommation, qui est une fonction essentielle de la production de valeur ajoutée.