(Agence Ecofin) – La Banque ouest-africaine de développement (BOAD) emboîte le pas aux géants financiers et choisit l’assurance-crédit pour doper son portefeuille. Objectif : augmenter ses capacités de mobilisation pour irriguer davantage les Etats membres de l’Uemoa.
18 mois après avoir conclu ses premières polices d’assurance individuelle pour des projets prêts ciblés, la BOAD vient de franchir une nouvelle étape en souscrivant une police d’assurance-crédit qui couvre 11% de son portefeuille de prêts, soit l’équivalent de 278 milliards de francs CFA (424 millions d’euros). Cette décision stratégique a été facilitée par la collaboration avec neuf assureurs privés de « premier plan basés en Europe », a indiqué la Banque régionale dans un communiqué.
Une démarche de repositionnement stratégique
En réalité, la BOAD vise bien plus qu’une simple couverture de risque de non-remboursement de ses débiteurs. À travers cette démarche, la banque entend rehausser la notation de son portefeuille de prêts. Elle a donc choisi de collaborer avec des assureurs bénéficiant de notations allant de « A- » à « AA- », précise-t-on. Derrière cette manœuvre, l’ambition de l’institution est d’exploiter à fond le marché de l’assurance-crédit, afin de consolider sa capacité de financement pour intensifier ses concours aux États membres de l’Uemoa.
«Cette police d’assurance qui rehausse notre profil de risque et celui de nos emprunteurs, va nous permettre de lever des ressources aux meilleures conditions sur les marchés financiers, et de nous inscrire dans la droite ligne de la mise en œuvre du plan Djoliba entamé en 2021, avec pour ambition de financer 3 300 milliards FCFA de projets au profit des Etats membres de l’UEMOA au terme de ce plan en 2025 », a justifié Serge Ekué (photo), président de la BOAD, passé par les grandes banques européennes, notamment Natixis.
L’ingénierie financière pour moderniser la BOAD
Arrivé à la tête de la BOAD en août 2020, Serge Ekué s’est rapidement démarqué par sa volonté de moderniser l’approche financière de l’institution. Il instaure désormais l’innovation financière comme le maître-mot de sa gouvernance, cherchant à doter la banque de développement des mêmes instruments financiers que ceux en vogue au sein des banques européennes les plus influentes.
L’ambition du dirigeant : rehausser le haut de bilan de la banque de développement afin de renforcer sa capacité à lever des fonds sur les marchés internationaux. Et les actions parlent d’elles-mêmes. Sous sa houlette, la BOAD s’est déjà engagée dans des opérations financières d’envergure, comme une récente opération de titrisation, visant à libérer de la liquidité. Ce capital fraîchement mobilisé sera le carburant du Plan Djoliba.
Suite à sa récente recapitalisation, qui lui a conféré une assise financière renforcée, la BOAD ambitionne d’exploiter davantage sa capacité d’endettement, qui frôlait son maximum entre 2019 et 2020. Le ratio entre les emprunts en cours et les fonds propres est passé d’à peu près 175% en 2015 à un pic de plus de 250% en 2019, avant de redescendre en dessous de 200%. Grâce à cette augmentation substantielle de capital de 49%, le ratio financier de la BOAD est désormais solide. La Banque envisage d’utiliser cette position avantageuse pour mobiliser des fonds à des coûts réduits.
Pour le dirigeant choisi par le président béninois Patrice Talon pour conduire l’institution régionale, la BOAD ne doit plus se contenter de suivre le rythme : elle doit devenir pionnière, établir de nouveaux standards pour les banques de développement africaines.
La semaine dernière, la BOAD est passée à un échelon supérieur d’accréditation après du Fonds vert pour le climat, un statut qui lui donne désormais la capacité de mobiliser jusqu’à 250 millions $ auprès du mécanisme financier des Nations unies pour financer des projets climatiques d’ampleur dans les huit pays de l’Uemoa.
Fiacre E. Kakpo
Lire aussi:
by : Agence Ecofin
Source link