(Agence Ecofin) – Ecobank Côte d’Ivoire a affiché des résultats solides au cours des dernières années, malgré des défis économiques et un environnement de marché complexe. Une tendance qui devrait se poursuivre cette année, comme en témoigne le rapport d’activités du premier semestre 2024, qui montre la plupart des indicateurs en progression.

25,4 milliards FCFA (environ 43 millions $). C’est le bénéfice net affiché par Ecobank Côte d’Ivoire pour le premier semestre 2024. Une performance en hausse de 6,2% par rapport à l’année précédente, signe que la filiale ivoirienne du groupe bancaire panafricain ne fléchit pas face aux turbulences économiques. 

Dans un contexte de politique monétaire restrictive imposée par la BCEAO, la banque continue de maintenir sa tendance de performance haussière. Le produit net bancaire (PNB), indicateur de la santé de l’activité bancaire, grimpe de 10,6 % à 58,8 milliards FCFA. Derrière cette progression se trouvent deux leviers : une augmentation de 9,3 % de la marge nette d’intérêts et une poussée des produits hors intérêts, dopés par les commissions bancaires en hausse de 13,1 %.

Cette dynamique n’est pas sans coût. Les charges d’exploitation grimpent de 14,9 %, et forcent le coefficient d’exploitation à se hisser à 43,8 % contre 42,1 % en 2023. Pourtant, la banque parvient à maintenir un certain équilibre grâce à une baisse importante du coût du risque de 24,1 % à 2,4 milliards FCFA, autre signe d’une gestion prudente de son portefeuille de crédits.

Des créances en souffrance en net recul

En témoigne sa gestion des créances en souffrance, réduites de 11,8 %. Une gestion qui, combinée à une réduction des provisions de 7,9 %, permet à la banque dirigée par Paul-Harry Aithnard de dégager une certaine marge de manœuvre, surtout dans un contexte régional marqué par l’incertitude.

Les dépôts en baisse, mais les crédits augmentent

Un point noir cependant : les dépôts de la clientèle ont chuté de 2,7 % à 1282 milliards FCFA, du fait notamment des dépôts rémunérés, qui ont baissé de 3,4 %, pour s’établir à 468,8 milliards FCFA. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce recul, notamment une possible réallocation des liquidités par les clients vers des placements plus rémunérateurs dans un contexte de taux d’intérêt plus élevés. Pourtant, cette baisse est contrebalancée par une progression des crédits nets à la clientèle de 7,7 %, malgré les taux restés hauts durant la période. 

Avec un ratio de capitaux propres (ROE) à 30,4 %, en légère baisse par rapport aux 31,1 % de 2023, Ecobank Côte d’Ivoire reste sur une trajectoire de rentabilité solide. Le ratio de solvabilité a, quant à lui, progressé de 107 points de base pour atteindre 18,2 %, bien au-dessus des exigences réglementaires de 11,5 %. 

Et si la politique monétaire de la BCEAO, avec des taux élevés (3,5 % pour le taux directeur, 5,5 % pour le guichet marginal), pourrait continuer à peser sur les marges d’intérêt, l’institution bancaire mise sur une prévision de croissance économique ivoirienne de 6,8 % pour stimuler la demande de crédits pour les prochains mois. Elle indique qu’elle continuera de s’appuyer sur sa stratégie à long terme, axée sur la croissance, la transformation et le rendement, pour capter les opportunités dans des secteurs dynamiques de l’économie ivoirienne. La banque compte solliciter le marché régional pour mobiliser 10 milliards FCFA pour financer son programme destiné aux femmes entrepreneures, Ellever. 

Fiacre E. Kakpo