(Agence Ecofin) – Banque de détail, microfinance, investissements dans des start-up, ce en complément aux activités historiques dans les télécoms et plus récemment dans les énergies renouvelables… La branche chargée des services financiers du groupe panafricain Axian est en pleine croissance sur le continent. Son CEO, Hassane Muhieddine, est revenu sur ces différents sujets au cours de cette interview.
Agence Ecofin : Alors que plusieurs banques européennes quittent le continent, quelle est la stratégie d’Axian Financial Services qui possède déjà des actifs importants ?
Hassane Muhieddine : Chez Axian Group et Axian Financial Services (AFS), nous avons une stratégie bien définie. Les banques que nous possédons, comme la BNI Madagascar, sont en bonne position. Par exemple, BNI Madagascar est passée de la troisième à la première place depuis que nous l’avons reprise. Nous avons également développé une expertise en digitalisation et en transformation des services financiers. Bien que la pandémie de covid-19 ait ralenti notre croissance sur le continent, nous restons actifs sur plusieurs deals importants. Certains ne sont pas encore concrétisés, mais nous travaillons activement dessus.
Nous avons travaillé sur l’achat d’un gros réseau africain de microfinance qui opère dans sept pays africains, dont Madagascar, le Liberia, le Nigeria et le Rwanda, sur l’acquisition d’une banque au Cameroun, ainsi que sur une filiale française au Sénégal d’une banque qui a quitté le pays.
Agence Ecofin : Quels types d’entités êtes-vous prêts à acquérir, et sur quelles activités vous positionnez-vous ?
Hassane Muhieddine : Pour vous donner quelques exemples concrets, nous nous sommes positionnés sur plusieurs deals. Nous avons travaillé sur l’achat d’un gros réseau de microfinance africain qui opère dans sept pays africains, dont Madagascar, le Liberia, le Nigeria, et le Rwanda [Access Holding Microfinance, ndlr]. Nous avons également travaillé sur l’acquisition d’une banque au Cameroun, ainsi que sur une filiale française au Sénégal d’une banque qui a quitté le pays. De plus, nous avons exploré l’achat d’un réseau de microfinance en Afrique de l’Est, et nous examinons actuellement des opportunités en Afrique subsaharienne.
Agence Ecofin : Vous comptez au sein de votre pôle l’entité Axian Investment qui investit aujourd’hui dans le capital-investissement en Afrique. Parlez-nous de votre stratégie ?
Hassane Muhieddine : Axian Investment a vu le jour en 2017, avec pour objectif initial de réaliser des acquisitions directes dans notre cœur de métier tout en soutenant la croissance externe en Afrique. Nous avons aussi choisi d’investir dans des fonds de private equity et de venture capital, car ils offrent une visibilité sur les différentes géographies africaines et permettent de tisser un réseau solide. Cette approche nous a permis de mieux comprendre le marché africain tout en identifiant des opportunités dans des secteurs tels que les télécoms, le mobile money, l’énergie et les services financiers.
En 2022, nous avons officialisé la création d’Axian Investment en ajoutant une nouvelle activité de capital-risque. Plutôt que d’investir uniquement dans des fonds, nous avons décidé de soutenir directement les start-up africaines, en particulier dans les phases précoces, du seed à la série A. Cela nous permet non seulement de booster l’écosystème technologique en Afrique, mais aussi d’intégrer les innovations de ces start-up à nos propres opérations.
L’explosion de la bulle spéculative a entraîné une baisse des valorisations africaines de 50 % contre 40 % au niveau mondial.
Agence Ecofin : Vous lancez cette branche en 2022-2023, à un moment où l’on observait un ralentissement des investissements en capital-investissement et en capital-risque sur le continent. Pourquoi avoir choisi ce timing et cette stratégie, alors que beaucoup semblaient se retirer du marché ?
Hassane Muhieddine : Effectivement, en 2022, nous avons choisi d’entrer sur le marché à un moment où les valorisations revenaient à des niveaux plus raisonnables après une période de forte surévaluation due à une abondance de liquidités. Notre stratégie reposait déjà sur une connaissance approfondie du marché, acquise en investissant dans des fonds de venture capital en Afrique, tels que Partech et TLcom Capital. Nous restons convaincus que c’était le bon moment pour entrer sur le marché, même si le contexte reste complexe. Cela nous a obligés à être très sélectifs dans nos investissements. L’explosion de la bulle spéculative a entraîné une baisse des valorisations africaines de 50 % contre 40 % au niveau mondial.
Dans ce contexte, notre position en tant qu’investisseur s’est renforcée, mais la prudence reste de mise. Cette période nous a également permis d’identifier les start-up les plus résilientes face aux crises. Aujourd’hui, nous investissons dans 8 à 10 start-up par an, et notre portefeuille compte déjà 20 entreprises après seulement deux ans. Notre objectif est d’en avoir une cinquantaine dans les années à venir. Ces moments difficiles sont aussi des moments d’opportunité et de sélection.
Le marché du venture capital en Afrique a traversé une période difficile …Nous pensons que cette période difficile ne durera pas, et nous restons optimistes pour l’avenir.
Agence Ecofin : Quel bilan tirez-vous de ces deux années d’activité en termes d’impact ?
Hassane Muhieddine : Le marché du venture capital en Afrique a traversé une période difficile, et bien que la situation commence à s’améliorer, ce n’est pas encore l’idéal. La rareté de la liquidité, l’augmentation des taux d’intérêt, l’inflation et la dévaluation des monnaies compliquent le contexte. Par exemple, en Égypte, l’inflation et la dévaluation absorbent les performances financières en dollars, même si les résultats en monnaie locale sont bons. Cependant, nous restons des investisseurs de long terme, et croyons fermement en la résilience des acteurs africains. Nous pensons que cette période difficile ne durera pas, et nous restons optimistes pour l’avenir. Le venture capital est un investissement de long terme, avec des exits souvent entre huit et dix ans. Nous croyons que l’Afrique connaîtra une croissance suffisante pour surmonter cette phase, et l’écosystème nous semble prometteur.
Pour l’avenir, nous concentrons nos efforts sur la deep tech et l’IA, avec des start-ups en Afrique, mais aussi au Moyen-Orient ou en Inde, pour transposer ces technologies sur le continent.
Agence Ecofin : Quelles sont les start-up ou les secteurs que vous estimez être porteurs et qui pourraient bénéficier de vos investissements dans les prochaines années ?
Hassane Muhieddine : Effectivement, nous avons investi dans des FinTech, par exemple en Côte d’Ivoire [Djamo, ndlr]. Nous avons aussi investi dans des plateformes comme Chari au Maroc dans le commerce, ou MaxAB en Égypte dans l’e-commerce. Nous investissons aussi dans le B2B, notamment en pharma, avec des entreprises en Tanzanie et au Caire. Les secteurs comme l’insurtech, la healthtech, la fintech, et l’e-commerce sont clairement des domaines où nous sommes actifs. Nous avons également investi dans Jetstream au Ghana, qui n’est pas dans ces domaines mais reste stratégique. Pour l’avenir, nous concentrons nos efforts sur la deep tech et l’IA, avec des start-ups en Afrique, mais aussi au Moyen-Orient ou en Inde, pour transposer ces technologies sur le continent.
Agence Ecofin : Avec l’ensemble de votre stratégie qui inclut des présences dans les télécoms, l’énergie, le financement, le capital-risque, et la banque de détail, vous semblez avoir un ensemble complet pour financer des projets. Comment parvenez-vous à mettre en place les synergies nécessaires pour que ces différents pôles soient tous attractifs et se complètent ?
Hassane Muhieddine : Au niveau du groupe, l’un des objectifs est de créer des synergies entre les différentes entités. Par exemple, lorsque nous opérons dans les télécoms, le mobile money et la banque à Madagascar, nous créons des synergies naturelles entre ces secteurs.
Si nous investissons dans une start-up dans le domaine de l’énergie, nous examinons comment cette technologie peut s’intégrer dans notre pôle énergie. De même, lorsque nous investissons dans une fintech au Kenya pour du « buy-now-pay-later », nous explorons comment cette technologie peut être intégrée dans nos opérations bancaires. Tous ces secteurs forment une chaîne de valeur, et nous travaillons activement à créer ces synergies.
Nous considérons donc que le marché est important et qu’il y a encore beaucoup de potentiel de croissance. C’est pourquoi nous continuons à investir.
Agence Ecofin : Comment Axian Financial Services envisage-t-il son évolution dans les prochaines années, surtout face aux bouleversements géopolitiques et technologiques actuels ?
Hassane Muhieddine : Nous continuerons à nous développer et à croître en Afrique. Nous voulons être un acteur clé dans le développement du continent. Nous avons structuré notre stratégie autour de trois axes principaux : l’inclusion financière, l’inclusion énergétique, et l’inclusion digitale. Nous pensons que le marché africain est encore largement sous-équipé dans ces trois domaines, ce qui nous laisse beaucoup de marge pour le développement.
Prenons la microfinance, par exemple. Aujourd’hui, le taux de bancarisation en Afrique est extrêmement faible. A Madagascar, il est de 15 %, et dans d’autres pays, la moyenne se situe autour de 22-23 %. Que faisons-nous pour les 70 à 80 % d’Africains qui n’ont pas accès aux services financiers ? Il est essentiel de leur apporter des solutions. Nous considérons donc que le marché est important et qu’il y a encore beaucoup de potentiel de croissance. C’est pourquoi nous continuons à investir. Nous pensons que l’Afrique a besoin de plus d’efforts de développement, avec des projets en quantité pour accompagner l’évolution du continent. Sur le plan macro, nous ne pensons pas que le marché soit saturé ; au contraire, il y a encore beaucoup à faire, notamment en inclusion financière, énergétique, et digitale.
Interview réalisée par Fiacre E. Kakpo
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