(Agence Ecofin) – Avec des marges de sécurité de plus en plus faibles, une exposition accrue aux risques souverains et une rentabilité en berne, le groupe bancaire ouest-africain se trouve dans une situation de plus en plus difficile. Sans une intervention rapide, que ce soit par le biais d’une contribution en capital ou de nouveaux financements externes, le scénario d’un défaut semble de plus en plus plausible, selon Fitch.
Fitch Ratings a, une nouvelle fois, abaissé la note d’Oragroup, la ramenant de « CCC- » à « CC », pointant ainsi un risque accru de défaut de paiement. Après le déclassement d’avril dernier, cette nouvelle dégradation, annoncée le 25 septembre 2024, survient à un moment critique pour le groupe bancaire ouest-africain, alors qu’il traverse une crise de liquidité prolongée et se heurte à des exigences réglementaires toujours plus strictes.
Une situation de liquidité tendue au niveau de la holding
Fitch attire l’attention sur la situation de liquidité de la holding bancaire, qu’elle juge particulièrement préoccupante. Oragroup doit faire face à des échéances de dettes importantes en octobre 2024, mais ses ressources financières actuelles ne semblent pas suffisantes pour les honorer sans avoir recours à de nouveaux financements externes. Dans un tel contexte, un défaut sur ses créanciers seniors pourrait entraîner des retraits massifs de dépôts dans les filiales du groupe qui opère actuellement dans 12 pays africains, avertit l’agence de notation.
Une violation prolongée des exigences de capital
En plus de cette tension sur la liquidité, la décision de Fitch repose sur un constat : Oragroup peine à respecter les exigences en matière de capital depuis plusieurs trimestres. Le groupe a vu ses ratios de capital se dégrader de manière significative, avec un ratio de fonds propres de base (CET1) de seulement 2,3 % à la fin de 2023, bien en deçà du seuil réglementaire de 7,9 %. Le CET1, ou « fonds propres de base de catégorie 1 », est un indicateur important qui montre la capacité d’une banque à absorber des pertes. La situation s’est compliquée avec la réévaluation des risques associés à certains prêts. En clair, les autorités ont estimé que ces prêts comportaient plus de risques que prévu, obligeant ainsi la banque à allouer davantage de capital pour se protéger, ce qui a gonflé la valeur des actifs risqués, fragilisant encore un peu plus la position financière de l’institution.
Pour Fitch, cette incapacité à renforcer ses fonds propres, combinée à une exposition élevée aux fonds souverains à risque en Afrique de l’Ouest et du Centre, place Oragroup dans une position extrêmement vulnérable. Le groupe basé à Lomé est particulièrement exposé à un risque de concentration de crédit, avec ses 20 plus grands prêts représentant 231 % de ses fonds propres à la fin de 2023. Cette exposition à des débiteurs uniques, combinée à une proportion importante de prêts non performants (20 % du total des prêts en 2023), accentue la vulnérabilité de la banque face aux chocs économiques. Fitch indique également qu’Oragroup se retrouve fortement exposé à des souverains à risque élevé en Afrique de l’Ouest et centrale via la détention de titres publics émis par ces Etats.
Une tentative de recapitalisation incertaine
L’un des autres facteurs clés qui pèsent sur la note d’Oragroup est l’incertitude entourant ses tentatives de recapitalisation. Le groupe bancaire avait initialement prévu de se redresser en vendant une part majoritaire de son capital à Vista Bank. Cependant, cet accord, annoncé en août 2023, n’a toujours pas abouti, principalement en raison des exigences imposées par la Commission bancaire de l’UEMOA, qui a réclamé des garanties supplémentaires avant d’approuver l’opération. Face à cet obstacle, certains actionnaires envisagent de se détourner de la vente pour se concentrer sur une recapitalisation interne, une démarche jugée hautement incertaine par Fitch.
Si le scénario idéal, selon l’agence de notation, serait une contribution en capital de la part des actionnaires existants ou d’un nouvel investisseur, dans le contexte actuel, où la situation financière d’Oragroup est marquée par des pertes importantes (18 milliards FCFA en 2023), l’aboutissement de ce plan reste incertain. Fitch insiste que le groupe aura probablement besoin d’un soutien capitalistique « extraordinaire » pour combler son déficit.
Une faible rentabilité
Le bilan d’Oragroup est également grevé par une rentabilité faible. En effet, le groupe affiche un rendement opérationnel sur les actifs pondérés par les risques de seulement 0,8 % entre 2020 et 2023, bien en dessous des normes du secteur. Cette faible performance, Fitch l’attribue à des coûts élevés et à des charges de dépréciation des prêts en forte hausse, qui ont contribué à la perte nette importante enregistrée l’an dernier.
Pour l’agence de notation, les marges de manœuvre d’Oragroup sont limitées. Car pour l’instant, si certaines de ses filiales pourraient potentiellement bénéficier d’un soutien de leur gouvernement, Fitch estime que ce soutien ne s’étendra probablement pas à la holding, ce qui pourrait compliquer davantage les perspectives de redressement du groupe.
Fiacre E. Kakpo
window.fbAsyncInit = function() {
FB.init({version: ‘v2.3’,appId: ‘103459506425194’, status: false, cookie: true, xfbml: true});
FB.Event.subscribe(‘comment.create’, jfbc.social.facebook.comment.create);
FB.Event.subscribe(‘comment.remove’, jfbc.social.facebook.comment.remove);
FB.Event.subscribe(‘edge.create’, jfbc.social.facebook.like.create);
FB.Event.subscribe(‘edge.remove’, jfbc.social.facebook.like.remove);
};
(function(d, s, id){
var js, fjs = d.getElementsByTagName(s)[0];
if (d.getElementById(id)) {return;}
js = d.createElement(s); js.id = id;
js.src = “https://connect.facebook.net/fr_FR/sdk.js”;
fjs.parentNode.insertBefore(js, fjs);
}(document, ‘script’, ‘facebook-jssdk’));
(function(d, s, id) {
var js, fjs = d.getElementsByTagName(s)[0];
if (d.getElementById(id)) return;
js = d.createElement(s); js.id = id;
js.src = “//connect.facebook.net/en_GB/sdk.js#xfbml=1&version=v2.5&appId=103459506425194”;
fjs.parentNode.insertBefore(js, fjs);
}(document, ‘script’, ‘facebook-jssdk’));
by : Agence Ecofin
Source link