
(Agence Ecofin) – Alors que les Etats de l’UEMOA recourent de plus en plus aux marchés financiers, la question du risque de crédit revient au cœur de l’actualité. Face aux mauvaises notes des grandes agences internationales, les Etats ont compris l’intérêt de se faire noter en monnaie locale et pas seulement en devises.
Vendredi 21 octobre 2016, la Côte d’Ivoire recevait sa première note souveraine, en monnaie locale, attribuée par une agence de rating régionale, Bloomfield. Depuis, tous les pays de l’UEMOA, tour à tour, ont suivi le pas de la première économie de l’Union. Un palier décisif franchi dans la quête d’une notation « plus juste », alors que les notes de crédit attribuées par le big three Moody’s, S&P et Fitch n’ont jamais été aussi décriées sur le continent.
En 2020, plus de la moitié des 32 pays du continent notés par l’un des géants de la notation financière avait vu leur note de crédit dégradée, au point où des acteurs africains, avec à leur tête l’UA et son président en exercice Macky Sall, remettent sur la table le vieux projet de création d’une agence de notation panafricaine, l’ACRA. Mais l’ACRA n’est pas le premier coup d’essai sur le continent. Près de 20 ans après sa création, le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP), un instrument chargé d’analyser les progrès en termes de gouvernance des pays du continent, continue de patiner.
Pour Stanislas Zézé, CEO de Bloomfield Investment, la toute première agence de notation financière dans l’UEMOA, il faut surtout encourager les agences de notation régionale privées. Le financier craint qu’une agence panafricaine ne puisse rivaliser sur son propre territoire avec le big three, faute de crédibilité, en raison de son géniteur, un organe de fait, public.
UMOA-Titres à l’avant-garde
Cette option est celle d’UMOA-Titres, qui gère le marché des titres publics, devenu pour les Etats la plus importante source de financement du développement dans l’Union monétaire. Jusqu’ici, ils sont seulement trois à avoir émis des eurobonds. Sept des pays membres ont déjà reçu tout au moins une première notation financière des agences internationales, tandis que tous les huit Etats sollicitent le marché des titres publics sur une base tout au moins mensuelle.
En vue de promouvoir la qualité de l’information disponible sur les émetteurs de titres souverains, UMOA-Titres a accompagné les Etats membres de l’UMOA, finançant leur processus de notation financière en monnaie locale sur une échelle régionale. Avec ce programme lancé le 24 janvier dernier, l’entité basée à Dakar insiste vouloir « asseoir l’importance du Marché des Titres Publics dans le financement des Etats de la zone, mais également contribuer au développement de ce marché face aux enjeux liés à la transparence et à l’information disponible sur les émetteurs ». Le programme a ainsi permis aux deux agences de notation régionales agréées par l’AMF-UEMOA, ex-CREPMF – Bloomfield et Wara – de fournir une analyse complète sur la solvabilité en monnaie locale, ainsi qu’une note de crédit à tous les pays de l’Union. De quoi dynamiser le marché financier en plein essor, où plus de 8 700 milliards FCFA ont été mobilisés en 2020, au fort de la crise sanitaire, et plus de 5 550 milliards FCFA plus tard en 2021, alors que les conditions sur les marchés financiers internationaux commençaient à se durcir et que plusieurs pays ont vu leur signature s’affaiblir à nouveau.
Le recours aux agences régionales, UMOA-Titres le justifie par la capacité de celles-ci à pouvoir fournir une notation sur une échelle régionale permettant une appréciation plus fine des notes attribuées, comparativement aux agences internationales qui mettent tous les pays sur la même échelle.
« A la différence des agences de notation internationales, toutes basées en dehors du continent, les agences de notation régionales, implantées dans l’Union, sont plus au fait des réalités des Etats et donc plus en capacité de faire ressortir, sur une échelle locale, les hétérogénéités des économies. Leur présence sur le terrain leur donne l’avantage de pouvoir mieux prendre en compte les paramètres qualificatifs liés à l’environnement sociopolitique, économique et culturel des Etats », justifie l’institution dakaroise dans une note consultée par l’Agence Ecofin.
Par exemple, des Etats comme la Côte d’Ivoire, le Bénin ou le Sénégal, pourtant logés en catégorie spéculative ou très spéculative par le big three, ont une bien meilleure note sur leurs évaluations en monnaie locale par deux agences régionales. Pour Stanislas Zézé, les évaluations en monnaie locale par les agences régionales mettent l’accent sur les spécificités de chaque émetteur au sein de la région et traduisent mieux leur réalité et leur profil.
“Les pays africains sont condamnés à avoir des mauvaises notes qui ne reflètent pas la performance ni la crédibilité de leur économie, car structurellement, ce sont des économies qui ont des réserves de change faibles ; elles exportent des matières premières à faible valeur ajoutée et importent en retour des produits finis beaucoup plus cher », a confié Stanislas Zézé à l’Agence Ecofin.
Un pass panafricain plutôt qu’une agence unique
Le financier ivoirien pense que les autorités africaines devraient encourager les agences régionales dans leur ambition de dynamiser et d’étendre leurs activités sur d’autres marchés, tout en levant les barrières à l’entrée, à travers notamment l’instauration d’un agrément panafricain.
« Si nous parvenons à noter dans les 54 pays du continent, les investisseurs étrangers n’auront d’autre choix que de croire en nous », assure-t-il. Il faut renforcer les capacités des agences de notation locales, plaide le financier.
Pour le moment, reconnaît Stanislas Zézé, il est imposé aux émetteurs de la zone UEMOA de se faire noter en monnaie locale par les agences régionales avant de solliciter le marché. A ce titre, à fin octobre 2021, seulement 32 sociétés sur les 45 cotées à la BRVM s’étaient déjà fait noter (20 par Bloomfield et 12 par Wara).
Pour dynamiser l’activité des agences, Zézé espère que les autorités régionales iront plus loin, en encourageant les Etats à faire noter les plus grandes entreprises publiques, les collectivités, pour les préparer à la levée de fonds, sans passer forcément par la case de la garantie souveraine.
Fiacre E. Kakpo
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