En 2022, l’exposition de la BCEAO aux établissements de crédit de l’UEMOA a augmenté de 50%

(Agence Ecofin) – Des données feraient penser que la banque centrale de l’UEMOA se livrerait à du « quantitative easing » à l’américaine. Mais plutôt, les interventions de la BCEAO signalent un risque d’accumulation de défis de liquidités à court terme, dans le secteur bancaire sous-régional

Dans la zone de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa),  le niveau d’exposition de la BCEAO (Banque centrale) aux établissements de crédit a augmenté de 50% l’année dernière, passant de 6 312 milliards FCFA (10,5 milliards $) en 2021 à 9 391 milliards FCFA en 2022, apprend-on des informations contenues dans le dernier rapport sur l’exercice financier annuel de l’institution.

Cette évolution des choses est de loin plus importante que la progression de cet élément en 2020 (+23 %), année d’apparition de la Covid en Afrique, et celle enregistrée en 2019 (+12 %). La Banque centrale ne donne pas une explication détaillée du phénomène observé. Mais on apprend que son exposition aux établissements de crédit est surtout le fait du développement de la pratique de prise en pension des titres, dans le cadre des opérations « d’open market » sur le marché monétaire ainsi que les créances rattachées. Son exposition à ces instruments était en hausse de 51% à la fin de l’année 2022, à près de 9 371 milliards FCFA.

Rappelons qu’on n’est pas dans le scénario où la Banque centrale rachète des créances en difficulté pour nettoyer le secteur du marché du crédit dans l’UEMOA, mais dans celui où elle a accru la mise à disponibilité des ressources financières de court terme pour permettre aux banques d’honorer leurs engagements où projets de placement sur des périodes allant d’une semaine à 6 mois.

La pratique n’est pas dénuée de sens. Au plus fort de la covid-19, la Banque centrale de l’UEMOA a mis en place un dispositif permettant aux Etats d’emprunter facilement sur le marché local. Cela s’est traduit par un niveau record d’investissement sur le marché des adjudications de l’UMOA qui a atteint les 10 486 milliards FCFA. Mais en 2021, ce niveau a baissé de près de 2 800 milliards FCFA.

Il n’est pas exclu que les participants au marché des titres par adjudication aient commencé à ressentir les premières pressions de liquidités, d’autant que les incertitudes suscitées par la Covid-19 orientaient les ressources empruntées vers des objectifs de résilience, et pas toujours d’investissement productif. En 2022, la BCEAO a donc décidé de soutenir la liquidité de court terme dans le secteur bancaire en accroissant ses injections hebdomadaires de liquidités. Mais rapidement, l’UEMOA a dû faire face à une inflation importée, qui a contraint à réduire la demande de crédit sur le long terme.

Techniquement, cette hausse de l’encours d’exposition de la BCEAO aux établissements de crédit de l’UEMOA, ne constitue pas un problème parce qu’elle est de court terme et est garantie par des instruments fiables et visiblement les banques parviennent toujours à rembourser.

Aussi, dans les principales économies de la sous-région que sont la Côte d’Ivoire et le Sénégal, les croissances économiques sont annoncées à 7,1% et 8%, tandis que l’inflation devrait reculer, selon des prévisions du Fonds Monétaire International (FMI).

Mais on retient que les banques commerciales de l’UEMOA ont été secouées dans leurs liquidités, par les différentes crises successives, auxquelles l’économie mondiale fait face depuis 2019 (Crise pandémique, crise de la chaîne d’approvisionnement, crise russo-ukrainienne, crise climatique). L’hypothèse reste à démontrer, mais plusieurs indices ont tendance à la confirmer.

Déjà, il y a le fait que depuis le début de l’année 2023, le marché des titres par adjudication et celui des emprunts syndiqués de l’Uemoa éprouvent de la peine à mobiliser de la ressource. Un gap de 742 milliards FCFA a été constaté sur le premier trimestre 2023, entre les offres et les besoins. Dans le même sillage, on note que les investisseurs privilégient les placements de court terme, plus rentables, plus liquides et par définition moins risqués.

Aussi, on a pu noter qu’une banque comme Société Générale Côte d’Ivoire qui occupe le premier rang dans la zone UEMOA a déclaré avoir doublé ses fonds propres en 4 ans. Ces derniers sont passés de 167,7 milliards FCFA en 2018, à 345 milliards FCFA à la fin 2022. Sur un marché où les prêts entre banques commerciales restent peu dynamiques, cette approche prudente peut être perçue comme une préparation à des risques futurs. L’évolution des encours de crédit aux établissements de crédit de l’UEMOA de la BCEAO sera à suivre dans les prochaines périodes.

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by : Agence Ecofin

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