Teddy Bhullar, CEO d’Emtel : « Le marché ne pourra accueillir un nouvel acteur »

Teddy Bhullar a parcouru le monde et servi des multinationaux prestigieux durant plus de 33 ans. Cet homme d’une fraicheur incroyable se retrouve désormaisà la tête d’Emtel, le pionnier de la téléphonie mobile à Ile Maurice. Avec sa culture impressionnante, il y conjugue bon sens, lucidité et précision

Quelle sera la suite de ce partenariat avec Airtel ? Prévoyez-vous, un changement de marque ?

Il faut bien comprendre ce partenariat. Ce n’est pas uniquement une alliance entre deux opérateurs historiques avec une vision commune. C’est aussi un partenariat entre deux hommes, deux visionnaires, deux amis qui se respectent. Il faut se rappeler que l’actuel président du conseil d’administration d’Emtel, Bashir Currimjee a été, des années durant, un des directeurs non exécutif au sein du conseil d’administration de Bharti Tele-Ventures. C’est un proche de Sunil BhartiMittal et cette association avec Emtel, n’est qu’une suite logique pour les affaires aussi bien que dans leurs relations. Mais pour revenir à votre question concernant la marque, je dois vous dire qu’un rebranding n’est pas d’actualité. L’investissement d’Airtel dans l’actionnariat d’Emtel est une démarche qui vise de nouveaux marchés et de continuer à rajouter de la valeur à la société.

Comment voyez-vous le marché mauricien ? Peut-il accueillir d’autres operateurs ?

C’est un marché qui est arrivé à une maturité intéressante. Il existe  de grandes potentialités de croissance. Mais vu la taille du marché, et la masse critique avec déjà trois opérateurs mobiles, ce secteur ne pourra certainement pas accueillir un nouvel acteur. Les trois sociétés opérant sur ce marché peuvent stimuler la compétition.

En parlant de compétition, comment arrivez- vous à concurrencer Mauritius Telecom, en  ayant recours à ses infrastructures ? 

Voyez-vous, les télécommunications évoluent à une vitesse extraordinaire. Que ce soit en Afrique ou en Inde ou ailleurs dans le monde, plusieurs opérateurs utilisent les mêmes infrastructures. Pour une raison bien simple : ces infrastructures coutent une fortune. Il faut toujours optimiser les couts. Le partage des infrastructures relève donc d’une logique financière, mais aussi écologique. Ce serait dommage que Maurice, un si beau pays, soit pourvu d’infrastructures de télécommunications pour chaque opérateur. Cogérer les infrastructures est devenu la norme dans ce secteur, tout en maintenant la qualité de service. La concurrence n’existe pas dans les infrastructures mais bien dans les parts de marché et sur le niveau des services. Et là-dessus, il n’y a pas de compromis.

Pensez-vous, qu’il faudrait avoir une meilleure régulation ?

Je constate que le secteur est bien réglementé. Mais il faut laisser suffisamment d’espace pour permettre aux opérateurs de gérer leurs opérations.  Un régulateur n’entre en jeu que lorsqu’une quelconque démarche d’un opérateur est contraire à la politique du gouvernement. Une régulation excessive n’est pas souhaitable car déjà le marché a atteint un niveau de maturité. En tenant compte de la  taille du marché, on doit être prudent dans la façon de gérer le marché de sorte qu’on évite la dilution des prix et de ne pas rendre la situation financière des opérateurs difficiles. Nous devons tenir en compte les responsabilités des entreprises envers leurs employés.

Comment se porte le segment de paiement par mobile chez Emtel ?

Le téléphone mobile intelligent est de plus en plus utilisé pour effectuer différentes transactions bancaires, au point où il devient un portefeuille virtuel. Maintenant, plus besoin de se déplacer à un guichet ou avoir recours aux services d’une institution bancaire pour effectuer des transferts de fonds, payer des factures ou recevoir des paiements. La nouvelle technologie vous permet en un clin d’œil  et rien qu’en utilisant votre cellulaire, d’effectuer toutes ces transactions. Bref, on renforce votre liberté. Le service  Emtel Cash est très prometteur. En Afrique, ce système marche à merveille. A Maurice, le système bancaire est robuste, et une bonne partie des Mauriciens sont bancarisés. Mais ce qui importe le plus avec les transactions financières sur mobiles, c’est le gain de temps considérable pour régler ses factures. C’est rapide, utile mais surtout sécurisé. Emtel, avec son lot de services dans ce segment, vise entre 70 et 80 % de parts de marchés  en prenant en considération le taux de pénétration de mobile dans la population.

L’innovation a été le maitre mot d’Emtel en ce qui concerne des solutions pratiques proposées aux entrepreneurs et PME. Quelles sont les nouveautés que ces derniers devront s’attendre en 2016 ?

En 2015, Emtel a lancé l’Airbox, un service très demandé par la communauté des PME. Internet illimité, téléphone gratuit, installation rapide et un service de qualité sont autant d’atouts nécessaires pour les entrepreneurs. De même que 1010.mu, service de stockage de données basé sur le Cloud. Emtel va continuer sur cette lancée et proposera d’autres services innovants en 2016. Une chose est sure : l’innovation demeurera le maitre mot d’Emtel en 2016 et les années à venir.

On note que nombreuses sont les PME qui ne sont pas à jour avec les nouvelles technologies. Dans quelle mesure peut-on s’adresser  à ce problème ?

Nous en sommes conscients. Raison pour laquelle nous avons, chez Emtel, toute une équipe, regroupant des compétences diverses, dédiée à la cause des PME afin de leur démontrer comment faire croître leurs entreprises grâce à la technologie.

L’état, ayant des intérêts dans Mauritius Telecom, le principal compétiteur d’Emtel, proposer vos services a des corps para publics n’est pas bataille perdue ?

Voyez-vous, dans le monde des affaires, la compétition est importante car elle vous encourage à dépasser ses limites et faire preuve d’ingéniosité en termes de produits et de services.  Si les prestations d’un opérateur sont moins coûteuses, mais sont efficaces et fiables, le gouvernement optera pour, puisqu’il est redevable envers le peuple. Même son compétiteur le plus ardu pourrait éventuellement devenir son prestataire.

Votre concurrent direct entame actuellement un  dégraissage, proposant des VRS Schemes à plus des centaines d’employés. Qu’en est-il de la situation à Emtel ? Y-a-t-il quelque chose qui se trame dans ce secteur ?

Pas du tout. Un tel exercice ne figure pas dans nos plans. Au fait, durant ces deux dernières années, notre effectif a agrandi et nous devons le soutenir, tout en l’optimisant. Ceci dit, nous devons continuellement étudier la productivité de nos employés et faire de sorte que chacun d’entre nous soit le plus productif possible afin de mieux servir nos clients.

Les ambitions de Maurice sont grandes : ICT Hub en devenir, Smart Cities dans le viseur… Qu’est-ce que cela vous inspire, tout en sachant qu’à Maurice, la recherche et le développement de la technologie sont quasi inexistants ?

Votre position géographique avec l’Afrique continentale demeure stratégique. La possibilité que Maurice réalise sa vision d’être un ICT Hub est bien réelle, mais encore faut-il que les investissements nécessaires soient attribués en termes d’infrastructures et surtout dans la formation des ressources humaines adéquates.

 

BIOEXPRESS

 

Que des top guns

Avec la venue de Teddy Bhullar à la tête d’Emtel, c’est plus de 33 ans d’expérience au plus haut niveau qui s’offre à la première compagnie de téléphonie mobile à Maurice. Avec son MBA en Marketing/Marketing Management en poche, Teddy Bhullar a fait ses preuves chez les grosses pointures en Inde, ayant travaillé, en 1982, comme Assistant Manager de Tata Tea Ltd, puis General Manager (GM) de Pepsi Bottlers Punjab et de Cadbury Shweppes Bottling Group par la suite. Teddy Bhullar prend ensuite de l’emploi comme Area General Manager au Coca Cola India. En 2004, il intègre Airtel et occupe les fonctions de COO jusqu’en 2009. Teddy Bhullar sera ensuite CEO d’Airtel Seychelles, Managing Director (MD) d’Airtel Sierra Leone et MD d’Airtel Rwanda jusqu’à ce qu’il pose ses valises à Maurice comme CEO d’Emtel.

Capital Media

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