Mode de paiement : Il était une fois, le billet de banque…

Le commerce électronique évolue très vite, les moyens de paiement ne sont pas en reste, ils s’adaptent et mieux encore, ils anticipent. Les nouvelles niches incitent prestataires, banques, e-commerçants ou éditeurs à développer et proposer des solutions alternatives au mode de paiement traditionnel. Capital a enquêté

L’évolution ne connait pas la marche arrière. Cette citation de Boris Cyrulnik convient parfaitement au monde monétaire. Car si jadis les pièces de monnaie ont été détrônées par les billets de banque, qui, à leur tour, l’ont également été par les cartes bancaires, d’autres moyens de paiement commencent déjà à s’affirmer depuis 2010. Le « mobile payment » (ou le m-payement) prend de l’essor et vient bousculer certaines habitudes.

La monnaie se dématérialise, et ce, depuis 1950, avec la première carte en carton et en 1957, avec la première carte en plastique aux États-Unis. Les années 70 ont vu apparaitre la carte à bande magnétique. Les années 2000 voient l’émergence de nouveaux modes de paiement, dont l’utilisation du téléphone mobile. Le montant des achats est prélevé directement sur le compte bancaire du client ou d’un porte-monnaie électronique préalablement ouvert en accord avec une banque, et toute la transaction s’effectue à partir du GSM. Jusqu’ici, trois catégories de paiement mobile sont disponibles, soit le paiement à distance, paiement à proximité d’une borne ou des transferts entre téléphones mobiles compatibles. Face à l’essor qu’a pris ce nouveau système de paiement, de nombreux partenariats entre les opérateurs de téléphonie mobile, les institutions financières ainsi que la grande distribution sont en train de se mettre en place. Les développeurs s’appuient sur le nombre grandissant de « Smartphones » en circulation à Maurice, pour trouver les meilleures solutions. Leur but est d’adapter les services aux consommateurs, à l’instar de « Orange Money » qui ne requiert pas l’utilisation de mobile hautement sophistiqué pour en faire bénéficier le plus grand nombre.

Il faut souligner que l’émergence de ces différents modes de paiement mobile se veut être un catalyseur pour une révolution dans ce secteur. Cela témoigne également des initiatives et de l’engagement des acteurs des nouvelles technologies à toujours proposer des services, toujours plus adaptés pour répondre au Mauricien pressé. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire de circuler avec de l’argent liquide, car votre téléphone est devenu votre portemonnaie numérique, d’autant plus que le nombre de commerces où le mode paiement par téléphonie mobile est accepté est en croissance.

2 % d’utilisateurs

Toutefois, dire que le portemonnaie traditionnel sera remplacé par le portefeuille numérique dans les années à venir n’est pas tout à fait juste. Le sondage FinScope Mauritius, financé par FinMark Trust avec la contribution du Ministère des Finances et du Développement Économique (MOFED), jette un pavé dans la mare, expliquant que si 84 % des sondés utilisent le téléphone mobile ou encore que 32 % des adultes sont au courant des paiements mobiles, seulement 2 % sont des utilisateurs enregistrés de paiement mobile. Le sondage a été mené de mars à juin 2014, où DCDM Research a interviewé, 4 000 répondants en personne. Le plan de ce sondage est stratifié, il été fait à plusieurs échelles pour être représentatif de la population aux niveaux national, urbain/rural et régional. La raison principale évoquée par les sondés (43 %), pour expliquer cette réticence par rapport à l’utilisation des téléphones portables pour les paiements, demeure le manque d’accès à l’information sur ces services.

Ce qui devrait inciter les opérateurs à investir davantage dans la sensibilisation des Mauriciens sur leurs produits. Toutefois, vu l’ampleur que prend le paiement mobile dans le monde et surtout en Afrique, FinScope Mauritius demeure optimiste et indique même que les paiements mobiles ont un fort potentiel pour devenir un catalyseur de l’inclusion financière à Maurice.

Juice

En lançant Juice en juin 2013, la MCB est devenue la première banque mauricienne à proposer un service de paiement par mobile. Ce service permet d’effectuer des paiements et de faire des retraits munis de son téléphone mobile. Avec la popularité grandissante des smartphones à Maurice et la demande des Mauriciens à gérer de plus en plus de choses de leurs mobiles, la MCB a vite fait de proposer Juice, en le passant au mode « Mobile Banking » et en permettant aux clients de faire certaines transactions bancaires sur leurs téléphones. En 2014, la MCB a boosté encore plus le service en le rendant complètement gratuit. Depuis cette année, Juice a été enrichie d’une nouvelle série de services gratuits, disponibles 24 heures sur 24 et à partir d’un Smartphone. C’est donc possible d’effectuer des paiements chez les commerçants, de transférer de l’argent et d’en retirer sans carte bancaire grâce au Mobile Banking (accès aux comptes, Refill pour le mobile prépayé) et du Lifestyle Banking (avec des offres spéciales). À ce jour, Juice compte plus de 40 000 clients qui effectuent plus de 170 000 transactions totalisant plus de Rs 100 millions chaque mois. « Ce service est très prisé par les 18 à 35 ans », nous affirme Binesh Mangar, responsable de MCB Cards, précurseur du « cashless society », car elle permet de faire une série de transactions d’un téléphone mobile. Est-ce que la banque virtuelle sera d’actualité très bientôt ? Encore tôt pour parler de banque virtuelle, estime Binesh Mangar, car le relationnel, dit-il, est très important et qu’un tel concept demande toute une série de changements, y compris au niveau de la régulation.

SBM Billpay

En 2011, la SBM Bank lance le service « SBM Billpay » à travers ses guichets automatiques et certains points de vente. Les sociétés de services publics notamment la CEB, la CWA, Mauritius Telecom ainsi que la MRA, ont aussi opté pour ce service. De plus, en partenariat avec Orange, le service « SBM Billpay » a été étendu aux téléphones mobiles, service plus connu comme « Orange Money », un système proposant d’autres services notamment le ‘Orange Money eVoucher » qui est un service fiable et permet aux détaillants d’Orange de régler leur airtime à la Mauritius Telecom en envoyant simplement un SMS et leur compte bancaire de la SBM sera débité. Le deuxième est le « Merchant Payment » qui permet de régler les achats quotidiens tels que l’achat de journaux, pain, légumes entre autres, chez les détaillants d’Orange. Conscient que ces nouveaux moyens de paiements entrent, petit à petit, dans les mœurs mauriciennes, la SBM Bank a d’autres ambitions. « Beaucoup de personnes dans la tranche d’âge de 20 à 40 ans se sont facilement adaptées au service ‘SBM Billpay’. Maintenant nous visons plus large. Notre ambition est de promouvoir le transfert d’argent entre clients à travers le téléphone mobile » explique Veeren Manikion, Head of eCommerce de la SBM.

Emtel Cash

Le service Emtel Cash a été lancé le 24 juillet 2015. Ces principaux objectifs : la réalimentation de leur portable ou celui de leurs proches ; le paiement des différentes factures de la CEB/CWA/EMTEL, bientôt Canal+ ; et le transfert d’argent aux abonnés et même à ceux qui ne sont pas enregistrés.

« Nous constatons déjà un engouement pour le service notamment le paiement des factures et la réalimentation de portable qui compte pour 64 % des transactions. Pour octobre seulement, nous sommes à Rs 1,2 millions de transactions sur ces 2 services avec 1 % des abonnés Emtel déjà enregistrés », explique un préposé d’Emtel, tout en soulignant la facilité de s’enregistrer a ce service, en le faisant dans les showrooms Emtel et taper *110# pour accéder au service. Les objectifs pour 2016 est d’avoir 10 % des abonnés d’Emtel enregistré sur Emtel Cash, d’ajouter d’autres services pour faciliter davantage la vie des clients comme le paiement des primes d’assurance, service d’autobus et autres, comme dans certains fast-foods et pour les PME, le paiement de salaires par mobile. La particularité d’Emtel Cash est qu’il n’est pas relié au compte bancaire de l’utilisateur, donc moins risqué.

« Nous sommes au tout début de cette aventure. Comme tout nouveau service, il y a encore des appréhensions par rapport à la sécurité et confidentialité des transactions et donc l’éducation est primordiale et c’est pour cela que nous chez Emtel nous avons mis en place une équipe qui va vers les clients pour les éduquer, répondre à leur appréhension, les aider pour les premières transactions. Il y a encore du chemin à faire, mais avec la nouvelle génération internet, le niveau d’éducation des Mauriciens, le développement rapide du paiement par mobile dans le monde et la facilité qu’offre ce service surtout en termes de gain de temps devrait aider à vulgariser ce service très rapidement à Maurice » renchérit le préposé d’Emtel.

Capital Media

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