Les membres de la commission d’enquête sur la drogue sont en présence de plusieurs dénonciations, certaines anonymes et d’autres formelles, sur l’implication de certains membres du barreau dans des affaires liées aux parrains de la drogue.
Avec le nombre de proches du pouvoir en ligne de mire de la commission, l’embarras risque d’être très sévère pour le gouvernement de Pravind Jugnauth. Hormis les légistes, il y a d’autres nominés, comme cette personne proche du « boss de Satar » très impliquée dans le monde hippique, Chief Executive Officer de sa société opérant dans le secteur immobilier et tenez-vous bien… qui officie également comme directeur exécutif au sein d’une filiale d’une compagnie d’État.
Mais ce qui va certainement susciter l’intérêt de la population, c’est la déposition de Raouf Gulbul, ancien magistrat, membre du bureau politique du MSM, candidat battu lors des législatives de 2014 et actuel président de la Gambling Regulatory Authority. Selon les recoupements de Capital, la commission compte revenir sur les allégations portées par Joseph Jacharee Bottesoie à l’encontre de Raouf Gulbul.
C’est la banale interpellation de Jean Eddy Zuel le 12 Juliet 2001, pour possession de quelques grammes d’héroïne, qui va mettre le feu aux poudres. Lors de son interrogatoire, Jean Eddy Zuel balance le nom de son fournisseur, Joseph Jacharee Bottesoie, chez qui la brigade anti-drogue (ADSU) découvre 2,36 kilos d’héroïne lors d’une descente. Joseph Jacharee Bottesoie passe à table et dénonce Rajen Velvindron comme le parrain. Ce dernier sera cueilli à sa descente d’avion le 4 août et l’affaire, déférée aux Assises, se conclut par une condamnation de 30 ans de prison ferme, ainsi que deux amendes de cent mille roupies. Dans son jugement, Ashraf Caunhye affirme que Joseph Jacharee Bottesoie est un témoin crédible. Le juge ira même plus loin en soulignant que : “… his testimony was constantly under attack and he was subjected to searching and elaborate cross-examination over a long period. Despite the relentless pressure to which he was subjected, the material part of his version which incriminated the accused in respect of both drug transactions remained unassailable”.
Au cours de son procès, soit le 27 juillet 2003, Joseph Jacharee Bottesoie affirme sous serment que son avocat, Me Raouf Gulbul, lui aurait, lors d’une visite le 22 mars 2003, demandé de revenir sur ses déclarations faites contre Rajen Velvindron. Cela contre un paiement de Rs 5 000 000 qui aurait servi à graisser la patte à certaines personnes en haut lieu pour qu’il se infliger une peine minime. Lors de cette rencontre qui aura duré plus d’une heure, de 8h15 à 9h27, Joseph Jacharee Bottesoie demande à l’avocat un temps de réflexion d’une semaine. Le 29 mars 2003, Joseph Jacharee Bottesoie refuse de rencontrer Me Gulbul et sollicite une rencontre avec l’ACP Valaydon, le 4 avril 2003, afin de dénoncer les agissements de l’l’homme de loi.
Faces à ces accusations gravissimes, Raouf Gulbul sera simplement appelé à donner sa version des faits le 27 mai 2003 mais il semblerait qu’aucune suite n’ait été donnée à cette affaire, bien que le juge Caunhye ait ordonné une enquête le 17 juillet 2003. Les membres de la commission Lam Shang Leen pourront-ils élucider cette affaire ? Seul le temps nous le dira.
Fac-similé de la lettre rédigée par Joseph Jacharee Bottesoie dans laquelle il fait des accusations contre Me Raouf Gulbul, sur le lien ci-dessous:
http://docdro.id/bFf2Zow